Je viens de terminer de lire les Memoires d'Alain Decaux. C'était intéressant et bien écrit et j'ai surtout aimé ses débuts quand il n'est pas encore devenu aussi connu ou ministre. Quand il n'a pas encore divorcé sa femme pour une plus jeune et devenu membre de l'Academie Français.
Voilà quelqu'un qui a réussi dans sa vie et pas seulement des dignités recus, mais des auditeurs tenus en haleine et des livres intéressants à lire et bien documentés.
Il a même fait une émission sur Rajko qui pèse comme un poids sur mon autobiographie (non écrit). Quand j'avais 16 ans, j'ai cru à sa culpabilité et j'ai même été révolté à ce point que j'avais écrit à un journal un commentaire à l'article le racontant. Comme réponse, comme mon commentaire avait été publié, j'ai reçu deux lettres de Hongrie dont une disait : "on voit de vos paroles que vous êtes fille d'ouvrier!" Et, je trouve dans mon journal d'époque : "j'ai honte de ne pas être".
Je viens de recevoir les "Diaries of Victor Klemperer" : suite des ceux écrits dans l'époque hitlérienne, ceci sont de l'époque communiste en Allemagne. Je regarde un peu épouvanté le volume épaisse de 600 pages publié avec une petite caractère. En même temps je sens une anticipation, une jubilation.
Pourquoi ?
Klemperer, je le connais déjà. Il écrit comme il pense et sur le chemin va me dévoiler en même temps que ses (petits) succés, ses faiblesses, ses problémes, ses petitesses. Pour moi, au fil de ses dernières 1700 pages déjà lus, il est devenu un personne vivant.
Un peu comme Rousseau, avouant qu'il avait volé dans sa jeunesse un rouban, ne se cachant pas qu'il ne reconnaissait pas vraiment ses nombreux enfants, Klemperer n'écrit "pour la gloire et éternité" mais décrit ce qu'il ressent comme dans un vrai journal intime.
Peut-être bien, quelque part pense à publier un jour, mais au fond, ce qu'il aurait voulu est d'avoir de la gloire avec ses volumes sur la littérature comparé de langues romaines, français, italienne, etc. et cela il n'a pas réussi finalement.
Comme il devait cacher soigneusement ses écrits devant les nazis et les communistes ont refusé à publier ses journaux, il ne pouvait pas savoir qu'après sa mort et après que l'Allemagne de Est ne sera plus communiste, sa deuxième femme, environ 40 ans plus jeune que lui, va réussir à faire publier ses journaux, même si dans une version plein des coupures. Elle a le mérite d'avoir déchiffré son écriture petit et dur à lire et lutter pour leur publication.
Les versions allemandes sont plus longues. On l'a traduit, très bien, aussi en français. Les américains ont coupé d'avantage de la version anglais "pour pouvoir le mettre tout dans un volume." Même ainsi, disent-ils, il bavarde longuement, plus que dans son époque hitlériste, ou il devait faire plus attention et probablement était aussi souvent à court de crayon, papier, lumière, chaleur. Nouriture. Et en danger de vie.
Mais ce qui le différencie le plus, autre que le fait que c'est un journal et pas une autobiographie écrit après les faits, c'est qu'on voit l'homme véridique, plein de défauts et malgré cela on l'aime et je suis ravie d'avoir ces jours devant moi cette rencontre avec lui, jour à jour, qui m'attendent dans les pages pourtant surement difficilles à lire, même avec mes lunettes.
Il n'est pas un bon écrivain, même s'il a espérait en devenir dans sa jeunesse. Il se considére d'ailleurs "raté" relatif à ses frères, l'un grand conducteur d'orchestre, l'autre docteur de renom, qui d'ailleurs, tous les deux ont émigré à temps. Lui, non "que fairais-je ailleurs qu'en Allemagne?" se demandait-il. Puis, l'argument suprème : "enfin Eva a sa maison et les fleurs de son jardin, je ne peux pas obliger à l'abadonner" et "de quoi vivrai-je là, quand même pas de l'aumone de mes frères!"
Ce Klemperer je le connais déjà. Aussi celui qui se plaignait toujours de sa femme Eva maladive et au lit "je dois faire les courses, nettoyer l'appartement, faire tout" mais en même temps prenait le temps de lui lire pendant des heures des autheurs classiques à haute voix près de son lit de malade.
La même Eva, c'est remise à pieds pour ses fleurs d'abord, puis pour faire des courses quand un juif, son mari étant et elle protestante non, ne pouvait plus sortir ni n'avais plus le droit d'acheter des denrés. La même Eva lui avait sauvé la vie en lui arrachant l'étoile jaune après l'horrible bombardement de Dresde et lui disant "on part ailleurs". Lui donnant la nourriture quand il n'y avait plus pour deux. Lui, toujours affamé, l'acceptant, le décrivant.
Enfin, je suis curieuse de savoir comment se l'explique son revirement vers le communisme, lui qui n'en croyait pas du tout avant 1945 et était adulte, pas enfant comme moi. Mais c'est aussi possible qu'il dira, il a le droit : après les vingt ans "au placard" j'ai le droit à aller vers ceux qui me permettront à enseigner et être de nouveau quelqu'un.
Je suis émue de ce livre et cette morceau de vrai vie qui est devant moi, dans ce volume.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire