samedi 22 octobre 2005

Des blessures


Il y a des blessures anciennes, qui s'oublient mais ne se ferment jamais tout à fait.

Probablement, bientôt, on va repeindre cette maison du centre de Cluj (Kolozsvàr) à côté dequelle j'avais garé ma voiture, à la manière qu'il est habitude maintenant là-bas, pour photographier une porte pas loin d'elle.

Mais les premières jours et mois de mon mariage, resterons dans moi comme une blessure qu'on ne peut pas repeindre.

Je me suis retrouvée avec un homme qui s'éloignait de moi au lieu de se rapprocher, qui voulais surtout affirmer son indépendance dorénavant. J'étais encore blessée par le mort trop récent de ma mère, par les reproches de mon père, par le sort qui m'avait jeté hors mon travail et interdit d'obtenir ma diplome méritée. Et aussi, affaiblie par l'avortement auquel les deux hommes autour de moi m'ont poussée. J'avais maigrie encore davantage. Et j'ai commencé à réaliser que maman ne reviendrait pas et pleurer, pleurer. Et pendant trois mois (début septembre à fin novembre) je ne me trouvais même pas la force d'écrire dans mon journal.

J'étais malade, physiquement, psychiquement.

Je ne comprends pas comment sur aucune des images de cette période on ne voit que contentement et bonheur. Tant sur moi que sur Sandou.

Il a fallu quatres mois pour que je me ressaisisse. Je suis allée pour quelques jours visiter mon amie de Kolozsvàr (Cluj) et chez elle, j'ai trouvé un livre d'où j'ai pris de courage. Peut-être que les idées de cette livre étaient-elles bêtes (ce qu'une amie m'a affirmé quand des années plus tard je lui avais lis des phrases recopiés de ce livre) mais elles m'ont renforcées et données le courage nécessaire pour me remettre aux pieds et regarder en face, le dos droit, dorénavant mon mari. Et cela a marché.

Nos relations ont repris de nouveau bien. Nous nous sommes de nouveau raprochées l'un de l'autre, et même, une mois plus tard, j'ai retrouvé un certain travail!


Et les grandes sourires?

Etre femme, me rapportait de contentement, rayonnement même. Sandou était un bon amant et moi, je devenais de plus en plus sa femme.

Pourtant, la blessure des premières semaines ne s'effacera jamais.

Heureusement, les premières semaines de mon deuxième mariage, que je craignais tant à cause de la précédent, s'étaient déroulés tout à fait différement. D'un coup, mon mari rassuré, s'était beaucoup plus encore rapproché de moi. Et moi, je me suis dit "cette fois, c'est le bon!"

J'y ai cru longtemps.

Est-ce mieux des mauvais commencements qui, avec le temps, s'améliorent, ou des bons débuts qui à la longue s'aigrissent?

3 commentaires:

  1. c'est cadeau lorsque tu offres des bribes de toi...

    Merci infiniment
    Albe

    RépondreSupprimer
  2. Difficile d'imaginer, à regarder les gens, les souffrances qu'ils ont pu vivre. On t'a vue, photographiée heureuse, étendue nonchalante en maillot, comme auprès de ton mari, on découvre aujourd'hui qu'un drame déjà couvait...

    RépondreSupprimer