jeudi 15 décembre 2005

Comment ai-je pu être ainsi? Mais autrefois...

Jour à jour, j'écris dès le matin quelque chose dans ce blog, mais en même temps, je recopie aussi un fragment de ma vie ancienne dans deux différents places.

L'un est le blog commencé en janvier, où j'empile les notes les unes sur les autres, et j'en suis (sans encore savoir) juste un mois avant mon arrivé en France.

L'autre, commencé il n'y a pas longtemps, reprend mes journaux et souvenirs dès le début et les offre à lire comme un livre, à la suite les uns des autres, en bas le plus récent. Dans celui-ci, je suis arrivé aujourd'hui à un point crucial de ma vie. J'ai relu rapidement hier, il me heurte encore, même si pas comme autrefois. Me revient de loin le moto de mes journaux édités:
En relisant mes journaux, je me demande quelquefois comment ai-je pu être ainsi, penser cela, parler de cette manière? Mais autrefois, l'émotion ressentie à l'époque me revient presque intacte et je suis submergée par le même chagrin, je ressens la même joie profonde qu'à l'époque où je les ai vécus.
Sept ans ce sont passés, tout un pan de ma vie, entre mes 15 ans, quand, revenenant d'un film vu la deuxième fois, j'ai écrit, le 15 février 1949, débordant de l'enthousiasme "Ils ont chanté l'internationale!" jusqu'à cette autre note écrite à mes 22 ans et recopié hier où débordant de chagrin j'ai exclamé en 29 août 1956 "Je voudrais tellement croire encore!"

Sept années de ma vie, sept années où je me suis dédiée à cette croyance que je quittais définitivement à 22 ans, le coeur serré et ne sachant plus où m'accrocher. Tout un pan de vie, de ma jeunesse! Que des livres n'ai-je pas lu, que des gens n'ai-je pas essayé de convaincre, que des heures à travailler, à aider (cela je ne le regrette pas), que des pensés remplis par des mots d'ordre (voir à 18 ans même en réfléchissant sur les buts de ma vie).

Oui, je pense avec attendrissement à cette jeune fille de 15 ans, éloigné de ses amies et sa vie natale et s'accrochant dans une croyance qui l'environnait de partout. Et ce matin, mon coeur se serre du chagrin qui jadis débordait tellement. Oser (il en fallait à l'époque même pour le mettre dans un journal intime!) mettre noir sur blanc mon désillusion de ce que j'avais cru pendant presque sept ans, il en fallait du courage et de détermination à l'époque. Parler de la foi perdue à laqelle je me suis accrochée si longtemps et cela en dépit des coups arrivés tout autour et même à moi.

Je viens me rendre compte que c'était écrit juste un peu avant la révolution de la jeunesse hongroise. Peut-être ce n'est pas tout à fait un hasard.

Si vous ne lisez rien d'autre de mes anciens écrits, peut-être vous pourriez quand même jeter un coup d'oeuil à ces deux ou trois entrées de journal d'antan. Puis, (ou à la place) arrêtez-vous à réfléchir ce que les croyances (toutes) apportent comme renfort, aide à vivre, et ce qu'il prendent, en sapant notre énergie, en nous déroutant de notre vie. C'est vrai, que ce n'est pas seulement ceux qui vous menent par où ils veulent qui en profitent: pendant qu'on croit, nous avons une force, nous nous accrochons à quelque chose hors nous. C'est vrai. Mais prendre force de nous mêmes, penser sans mots d'ordre, sans des slogans dans notre tête, même si c'est dur, même si le réveil est douleureux, c'est tellement mieux!

Je ne le savais pas encore, en écrivant ma note à 22 ans passés, mais j'étais enfin, enfin! prête à d'autres aventures de ma vie.

5 commentaires:

  1. J'ai écrit cette note, puis je me suis mise à parcourir les blogs des autres, un à un, comme chaque jour.

    Aben part dans une semaine en vacances familiales et nous fait savoir d'avance. Etolane, nous offre le son de son bébé d'un mois. Philippe parle des problèmes du Google, j'espère très passagères. Et puis, j'arrive c'est l'autre Philippe, Phil le Blogeur, compositeur aussi.

    "A chacun ses doutes, à chacun ses chagrins" qu'il nous fait entendre, c'est comme un écho à ma note d'aujourd'hui. On croit dans l'amour de quelqu'un comme on croit dans les paroles dites ou écrites de...

    Le même chagrin, le même deuil, s'en sortir il faut du temps et du courage, mais dans tous les cas, en tournant la page ou le coin de rue, on trouve quelque chose de meilleur. Avec le temps, avec courage d'y croire, et de croire en soi-même.

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  2. Merci Julie de répondre en écho à "A Chacun ses Doutes". C'est le plus beau cadeau que le public puisse faire à mes chansons : les faire vivre en les accrochant à un bout de sa vie...
    En lisant ta note, j'ai pensé au film "Underground" de Kusturica. J'adore ! Et je pense aussi au centenaire de la loi sur le Principe de Laïcité en France : elle nous assure la liberté de croire ou de ne pas croire, et surtout (ce que beaucoup de gens oublient trop souvent) nous invite à faire ce travail difficile et jamais terminé de penser par nous même (la liberté de conscience).
    Et comme tu montres que tu as bien compris ça, personne ne peut t'interdire d'être la fille de la République Française, une citoyenne de notre Utopie. N'en déplaise à ta dentiste ;-) En même temps, je dis ça, mais je sais bien que tu n'as besoin de personne pour dire d'où tu es...
    Oui Julie, tu as raison, décider de ce en quoi on croit rend fort !

    Mille accolades chaleureuses.

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  3. "pendant qu'on croit, nous avons une force, nous nous accrochons à quelque chose hors nous. C'est vrai. Mais prendre force de nous mêmes, penser sans mots d'ordre, sans des slogans dans notre tête, même si c'est dur, même si le réveil est douloureux, c'est tellement mieux!"

    -----> c'est tellement vrai. C'est pourquoi les idéologies arrivent à "prendre" tellement et sous n'importe quelle forme et que trop souvent, elles font tellement de mal.
    Oui, penser par soi-même, inventer son propre chemin est dur, solitaire souvent, décourageant parfois mais surtout (et il ne faut pas perdre ça de vue les jours où tout va mal) salutaire :)
    Merci

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  4. Se faire sa propre opinion, à partir de ce que l'on voit du monde, des discussions avec les autres....mais aussi la faire évoluer, toujours en observant et en écoutant (y'a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis)
    Ne pas se sentir obligé de penser comme les autres ...
    Prendre en chaque idéologie ce qui nous convient..
    Et, pour finir, respecter ce principe de laïcité, qui demande de respecter les croyances de chacun.....
    Une bise, Julie..

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  5. il me semble qu'avec la jeunesse, on est beaucoup plus entousiaste, car la vie ne nous a pas encore (encore que ti si ...) appris complètement à faire la part des choses.
    On adhère vite, surtout quand c'est bien présenté, ou simplement dans le sens de la vie d'alors.
    ensuite, en regardant en arrière, ce n'est plus aussi évident, cet entousiasme ....
    Mais il fait parti de nous, et nous aura aidé à nous construire !
    Aujourd'hui, nous avons un cetain recul, sur les choses, sur notre passé ....

    Sophos

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