mercredi 9 novembre 2005

"Ils ont chanté l'Internationale"

Aujourd'hui, dans mon journal de jeunesse, je suis arrivé de ma ville natale de Transylvanie dans la capitale de la Roumanie, Bucarest, et après quelques mois me sentant seule, je suis allée au cinéma. Je reviens de La jeune garde, film soviétique sur des jeunes ayant lutté contre l'envahisseur allemand et torturés. Ils meurent, dans le film, en chantant l'Internationale.

C'est une note cruciale dans mon journal, puisque de là partait mon désir de participer, faire moi aussi quelque chose. Comme un film peut être un propagande efficace!

A partir de ce moment, j'étais aveuglée et je ne voyais, et longtemps encore, qu'à travers les lunettes avec lesquelles je suis sortie après avoir vu les deux longues parties de ce film. Mais bien sûr, c'était aussi ce qu'on nous disait à l'école, ce que je lisait des journaux et des livres sur le "marxisme, leninisme, stalinisme". Je suis devenue une devote et j'étais décidée à y consacrer ma vie, mon énergie. "Apporter le bonheur aux peuple, partout dans le monde". Comme on le dit aujourd'hui, "l'avenir Radieux".

Enfant, à peine 15 ans, j'y croyais.

Vous pouvez aller lire (même si vous ne lisez rien d'autre de mes journaux) cette entrée pour vous rendre compte à quelle point...

Aujourd'hui, je souris, pensant à cette jeune fille.

Je pourrais dire, malgré tout les torts qui sont arrivés à moi et surtout aux autres, que je ne renie pas, ne regrette pas mes enthousiasmes de jeunesse. Nous étions beaucoup à l'époque à y croire. Faute de savoir des réalités. Comprendre l'étendu de mensonge et de la tyranie qui s'en servait de nos aveuglements.

A l'époque, c'était "normal", aujourd'hui, après tout ce qu'on sait, me parait beaucoup moins, mais il faut dire que je sais, les croyances ne sont pas rationelles. Sont aveugles. Elles aveuglent. Mais, hélas, peuvent aussi provoquer du tort aux autres autour.

J'eus de chance, je n'ai pas heurté ceux autour de moi, mais dans mon aveuglement j'aurais pu. C'est la vie qui s'est chargée en m'attaquant, moi et ceux autour de moi, c'est aussi mon éducation qui m'a permis à ne pas tout à fait oublier mon humanité primaire: ne pas nuire. Aider.

C'est étrange comment peut-on oublier tellement des choses et jours de notre vie et sentir avec une force comme si on y était certains moments. Je me vois, sur la rue en allant vers la maison et chantant l'Internationale et me promettant à lutter de tout mon pouvoir, donner tout que je peux pour aider à construire le bonheur du monde.

Oui, j'ai cru moi aussi, une fois.

1 commentaire:

  1. Chaque jour maintenant ta présence dans la maison. Il y fait bon, chaud ( dans ton blog et la maison ce soir) l'impression d'avoir une amie de longue date ... d'une conversation sans réserve auprès du feu

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