mardi 22 novembre 2005

Dans ma ville de naissance


Comment représenter cette vieille mais toujours active néamoins tranquille ville dans laquelle je suis née et grandie?

Quand je dis "Cluj" ou "Kolozsvàr" (jamais par son nom récent Cluj-Napoca) on me regard curieusement. Cela se prononce d'ailleurs Klouze ou Kolosvar, mais n'importe. Et quand je dis que c'est la capitale de Transylvanie (administrativement elle l'était depuis plusieurs siècles et elle l'est encore, mais aussi centre d'éducation et culture) on me répond en souriant "Dracula"! Que des dégats par un livre de fiction!

Alors, voilà, une diaporama de quelques unes des dernières images prises lors mon séjour en juin (j'ai ajouté à la fin un peu de celles prises l'année dernière). Regardez-les une à une ou toutes, comme il vous plaira. Elles montrent une ville diverse et vivante et pleine de traces d'anciennes cultures, gens aussi divers que la ville, des gens venant de partout, habitudes anciennes et nouvelles. La centre n'a pas changée heureusement, même si à la place des villages qui l'entouraient, on a bâtit des quartiers entiers des HLM's.


Kolozsvar - 029Entre22Cluj-020on the streets of Cluj 27juin083

C'est seulement la cimitière juive qui est tout à fait abandonnée, en ruines. Depuis l'année 1944. De environ 15.000, alors 15% des habitants de la ville, même pas 10% sont revenu d'Auschwitz, et maintenant il n'y reste plus de trois cent à y vivre.

Mais la vie renait en force depuis sa liberation du juge communiste, malgré qu'il y a encore beacoup à faire. De son histoire, dont je viens de lire un livre, je parlerai une autre fois, suffit de dire, mais on peut aussi le déviner sur les images, qu'il avait était ville romaine (pas roumain!) il y a deux mille ans, ville fortifié et entouré "libre" vers 1200, deux rois y sont nés et six princes de la Transylvanie, principauté libre pendant les 160 ans de renaissance couronnés. Entre la domination turque et autrichien, la vie n'était pas facile, mais c'était un lieu où très tôt la liberté de diverses cultes et l'égalité entre gens venant de divers langues était dans les lois et admise.

on the streets of Cluj 27juin029Je ne dis pas qu'on vivait amicalement, mais en se suportant toujours l'autre, sans vouloir le plier à ses convictions. Ainsi, catoliques, protestants: calvinistes, luthériens, unitariens, et greco-orthodoxes, romano-orthodoxes, juifs, tous ont leur vieux églises à Cluj. Et puis, il y a théatre roumain et théatre hongrois. (La première photo est l'église orthodoxe où je n'y pas mis pied, construit entre les deux guerres seulement, mais la photo est belle, n'est-ce pas?)

L'université à Kolozsvàr (Cluj-Napoca maintenant) date des années 1200 (à l'époque c'était en latin) et pendant l'année scolaire, depuis des siècles et siècles, la population s'agrandit à presque 20% avec la venu des étudiants de tout la Transylvanie.

La ville est entourée des colines et le petit Somes coule un peu au-delà du parc. (Je voulais ajouter ici la maison de ma jeunesse ou la rivière, mais la site flickr fait les siens ce matin) J'avais habité dans ma jeunesse dans une rue longeant cette rivière, un peu éloigné du centre. Au lieu des maisons, l'autre côté de nous étaient une rangées des accacias d'un odeur inoubliable qui cachaient le Somes de notre vue, même de la terasse du 2e et dernière étage que mes parents avaient en location. Tout était près, l'école, le petit épicier du coin (toujours là) et mes grand-parents habitaient à l'époque seulement deux rues plus loin. Ma cousine et amie, dans l'autre bout de la rue. Autre que les accacias disparus, et à la place de terrain vague près de mon ancien maison un hôtel, rien n'est changé dans ce quartier.

J'avais très peur d'y aller après presque 50 ans, me disant que je vais retrouver une ville grise et perdue à la place de celle dont je me rappellais. Quelle était ma joie de la retrouver telle quelle mais encore plus vivante! Me rendre compte pourquoi je l'avais tant aimée dans sa diversité, tranquilité et vivacité à la fois.

7 commentaires:

  1. Merci de partager ces moments tres personnels avec nous; ça doit faire vraiment un drole d'effet de retourner 50 ans plus tard dans sa ville natale.

    RépondreSupprimer
  2. Souvenirs souvenirs, moi qui n'ait jamais quitté mon village que pour y revenir,l'évocation que tu nous donne de ta ville est un joli cadeau?
    PS : J'ai trouvé un "lecteur" en Fançais, je le teste...

    RépondreSupprimer
  3. Te suivre dans ta ville natale c'est m'étonner encore que la dureté de l'exil n'ait pas eu de prise sur toi. Tu es et reste Julie de L'Espérance. Piaf chantait "Non ! Rien de rien Non ! Je ne regrette rien." Tu fais plus tu magnifie la plus petite chose par ton regard d'amour résolu.

    RépondreSupprimer
  4. Des mots tellement chauds! Merci!

    Je regrette pourtant que j'ai du partir de ma ville natale vers Bucarest, qui n'est jamais devenue "ma ville", d'avoir dû quitter ma langue maternelle et de n'avoir pu apprendre aucune autre aussi bien et même oublier pas mal de la première.

    Je ne regrette pas d'avoir quitté la Roumanie Comuniste, ni d'avoir eu la chance fantastique d'atterir finalement et être acceuillie en France. Je ne regrette pas finalement, où le chemin de la vie, la méchanceté des uns et la bonté des autres, m'ont mené.

    Les chinois disent comme un mal "aie une vie intéressante!" mais ce n'est pas mal de vivre pleines des choses! Même si l'odeur des acacias en fleur me fait nostalgique.

    RépondreSupprimer
  5. En ce qui concerne oublier la langue maternelle, c'est tout à fait normal et cela arrive beaucoup plus vite qu'on se l'imagine! En tout cas, derriere les mots et derriere le blog, et surtout derriere les photos, on devine une femme courageuse, intelligente et ouverte à la vie, extraordinaire, quoi! :-)

    Amitiés de Californie

    RépondreSupprimer
  6. Bonjour merci Julie pour les clichés je viens de regarder le diaporama.
    Marie

    RépondreSupprimer
  7. Chère Julie,
    C'est magnifique , de la beauté , de la nostalgie , l'histoire qui n'est pas oubliée, la mémoire qui reste et c'est tellement important...

    Enchantée de te lire et de regarder tes images chaque jour.....
    Prends soin de toi.

    Bises

    Christine

    RépondreSupprimer