lundi 19 mars 2007

Ecrit au fil de la pensée

Je sais que je dois me préparer: bientôt le jeune couple de ma ville natale arrive. Ma maison est en désordre et je n'arrive pas à m'y mettre. Pourquoi?

Je me sens en transition.

Comme si quelque chose aura fini, une autre arrivera, et je suis suspendue dans la zone entre les deux. Une zone trouble où on se sent flotter et pleines des confusions. C'est pas facile la transition!

On dit que c'est aussi dur, n'importe quel type de transition, parce qu'un partie de nous s'attache encore à l'ancien en s'identifiant avec. Chacun de nous il parait, développe dès l'enfance une mécanisme de réponse aux fins.

Mon livre dit "pensez à une fin arrivée dans votre enfance: laquelle était-ce?"

Je ne peux penser qu'à une seule, dans mon cas, la fin d'une certaine innocence quand revenue saines et sauves après la guerre j'ai appris que par contre, ma cousine amie et collègue de classe avait disparue. Combien de temps on espère et on attend les disparus revenir, malgré tout qu'on entend, soupçonne même mais on ne veut pas y croire? Dans mon cas, c'était au moins trois ans.

Je me suis fait pleines des histoires en me racontant comment elle aurait pu s'échapper des allemands et ne pas être gazé, puis brulé à Auschwitz avec les autres enfants du même age. "On ne sait rien pour sure!" C'était une longue transition, jusque je me suis reconnue que je ne devais plus attendre et ne le verrai jamais retourner.

Je crains, aujourd'hui - quoi? C'est horrible, je ne sais même pas!

Tout va bien. Tout va bien madame la marquise. Seulement... seulement quoi? Tout va bien dans ma vie pourtant. J'ai plein des visiteurs qui arriveront, des plans pour l'été, une invitation a Caen pour les Pâques. Des lecteurs, des livres "parus" et d'autres qui viendront - même si seulement en trois exemplaires... Rien de grave, ni avec ma santé ni celle de ceux autour de moi. Alors?

Peut-être, je ne suis pas la seule que le printemps affecte!

Et un jour, je comprendrai ce qui me tourmentait. J'oserai le reconnaitre. Autant que j'abhorre les fins, j'adore de commencer des nouvelles choses. Ce qui est dur, c'est se sentir entre l'un et l'autre. Mon livre sur les transitions dit aussi que l'impact ressenti lors une transition n'a pas de commune mesure avec ce qui l'a déclenché, puisque dans nous on l'associe sans qu'on soit consciente avec d'autres.

Quelles étaient les transitions majeurs de votre vie?

Fin de l'enfance, habiter ailleurs, fins des relations, fin des lieux de travail ou métiers?

J'en ai eu un tas, et non seulement j'ai survécu, mais j'en suis ressortie en allant vers les meilleurs directions et plus forte. J'aurais bien voulu vivre toujours à Kolozsvàr (maintenant Cluj-Napoca) mais a Bucarest j'ai trouvé finalement une amie, et plus tard un amant devenu mari et père de mes enfants. J'aurais voulu finir l'université, travailler en recherche comme j'avais commencé, vivre entre amis, mais en devant quitter la Roumanie, j'ai pu vivre libre, aller où nous avons voulu, venir en France, trouver de travail et, avec pleines d'années de retard, finir mes études. J'aurais voulu vivre avec un seul homme tout ma vie, mais il m'a trompé une fois de trop et je m'en suis séparé, partie aux Etats Unis, changé ma vie encore une fois. J'aurais voulu y rester, mais comme ce n'était plus possible, revenant en France, j'ai changé du métier et j'ai trouvé une, passionnante: la micro informatique et ensuite un autre homme. Puis, quand cela n'allait plus, la liberté d'écrire. Et ensuite, un mari que j'adorais.

Peut-être bien, c'est cela qui me trouble. J'étais convaincu de n'avoir aucun regret de m'être débarrassé de lui après plus de quatorze années de vie commune. En publiant mon retroblog, jour à jour, je suis obligée de me mettre dans des situations qui ne sont pas si éloignés que ça, juste il y a dix ou onze ans, quand j'étais encore persuadé qu'on s'aimait et qu'on finira nos vies ensemble. Qu'on s'aidait réciproquement. Peut-être, ce qui me dérange ne sont pas des évènements des derniers jours, mais viennent de loin.

C'était plus facile à publier, relire, se replonger dans les histoires très vieilles de ma vie, que dans celles qui sont finalement assez près de la surface. Tout fois, je crois que je ne vais pas m'arrêter et je continuerai à m'y plonger: il faut une fois "résoudre" ce qui s'était passé en moi. J'espère, que m'y confronter va aider.

Et en attendant, je vais m'y mettre à ranger les deux pièces, pas demain! Dès aujourd'hui!

5 commentaires:

  1. oui Julie des périodes de transition tout le monde en connaît et il faut du temps, et plus de temps pour certaines... Tu as raison, allez à l'ouvrage, range !!!!

    RépondreSupprimer
  2. Après tout cette note miserabiliste, je me suis mise et, depuis deux heures et demi, je range.

    Même s'il y a encore énromément, je me sens nettement mieux!

    RépondreSupprimer
  3. Ohhh...la fin c'est toujours le debut d'autre chose...

    Ce week end ça a été grand ménage chez nous....je vais le raconter ce soir....


    Courage pour le menage chère Juli!

    RépondreSupprimer
  4. une pièce, le salon: fini!
    mais ma chambre, c'est autre chose...
    bon, demain matin je m'y mets

    RépondreSupprimer
  5. Les changements de saison, cela peut coincer et cela nsou rapelle les fins et les commencements.

    RépondreSupprimer