lundi 25 juillet 2005

Ma voisine


Je suis arrivée ici l'automne 2001, ma voisine italienne d'origine (mais en France depuis qu'elle avait seize ans) était là, voir ce qui se passe, qui arrive, mais aussi m'apporter deux figues, me sourire, me parler. C'est vrai, de temps en temps, elle me paraissait comme une concierge, se mêlant de tout, surveillant tout, et, quelquefois, même fatiguante.

A cause d'elle, j'ai dû mettre des rideaux à mes fenêtres, puisqu'elle venait et mettait sa tête contre la fenêtre : suis-je là? Elle voyait de lumière et je n'ouvrais pas... ou j'étais lasse de lui parler de nouveau tout absorbé par un livre ou mon ordinateur.

Alors, le plus souvent, elle me laissait un fruit de son jardin ou celui de sa soeur, sur la table devant la maison. Et quand j'allais la voir, je ne pouvais partir jamais sans boire un café ou goûter une friandise.

Elle me parlait beaucoup, assoiffée de communiquer avec quelqu'un, à 90 ans, pas beaucoup de monde venait la voir. Elle me racontait de son enfance dans les montagnes entre la France et l'Italie, de ses cheuveux coupés et vendus pour avoir une robe avec quoi descendre à l'école de village, des medecins chez qui a travaillé à 16 ans à Paris et comment elle donnait tout l'argent à son père, sauf, s'acheter enfin un pull, puisque c'était déjà l'automne et froid.

Mais elle savait aussi écouter et regarder surtout, contente quand elle me voyais mieux que l'année avant et surveillant le pavillon quand je n'étais pas là. Maintenant, depuis une année déjà, c'est elle qui n'est plus là, elle a rejoint son mari, mort 50 ans avant et son fils qui était mort juste quelques mois avant elle. Maintenant, depuis quelques mois j'ai une nouvelle voisine, plus jeune que moi et travailleuse, je parle de temps en temps, rarement quelques mots avec elle, et non, elle ne vient regarder par mes fenêtres. Mais une fois quand j'avais laissé les fenêtres de ma voiture ouverte, garée devant sa maison, elle est venu quand même m'avertir, en bonne voisine.

Ce qui me reste de madame Filipetto, ne sont que les fleurs qu'elle avait semé pour moi au long du long mur de beton qui sépare notre cour de celui des voisins, puisque toutes les fleurs qu'elle avait, on les a coupé, détruit, nettoyé, mais chez moi, sans aucun souci de ma part que de les 'laisser être', les roses cremière qui me rappelle d'elle, monte chaque jour plus haut vers le ciel, et les petits buissons des fleurs qui se ferment au soleil et s'ouvrent à l'ombre m'acceuille en entrant vers chez moi que j'avais eu une voisine à coeur d'or.

3 commentaires:

  1. It's a lovely, simple sketch of your former neighbor -- a real tribute to her. You communicate both the details of everyday life and our stubborn sense of privacy that we are sometimes happy to have someone ignore. Thank you for the pleasure of the read.

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  2. Joli portrait, Julie. Ce n'était pas toujours facile pour les italiens en France; aujourd'hui, c'est loin

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  3. très sympathique voisine,Julie,son sourire ferait craquer n'importe qui et son visage est un livre ouvert rempli de belles histoires pour rêver..;
    merci de nous la faire connaitre.;
    amitié
    Nadine

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