vendredi 3 mars 2006

Le passé change

Les faits de passé ne changent pas, c'est notre perception de ce qui c'était passé et pourquoi c'était arrivé qui est modifié. Comme nous voyons presque tout à travers nos perceptions, nous avons l'impression que c'est le passé qui n'est plus le même. Le voyant sous une autre lumière.

Hier, j'ai écrit une note, en mettant côte à côte la vase de maman qui m'avait tant aimé et la lettre retrouvée trente ans plus tard. Aujourd'hui, je publie dans mon journal-blog une longue lettre tragique de Danielle. En quoi tout cela est lié?

J'ai eu de chance avec mes parents, l'amour de maman et l'exemple de résistance et perséverance de papa, et le sort qui ne m'avait pas trop gâté, mes gênes aussi peut-être, ont contribué à me donner une force à plier me ne pas se casser. Une force à se redresser et aller au devant après chaque coup. Autant que j'ai du chagrin, je ne panique pas ou pas longtemps, j'ai du chagrin comme chacun de nous, je suis désorienté aussi plus ou moins longtemps, mais ensuite, je me secoue et je repars.

Danielle, n'a pas eu, apparaiment cette chance et n'a pas eu en elle assez de force à résister à ce qu'il lui arrivait. Elle a pris des décisions en état de panique, en essayant de s'enfuire devant ses responsabilités au lieu de les assumer, essayant de se donner plutôt la mort que de supporter la réprobation de sa famille qu'elle voyait déjà devant ses yeux. Puis, quand après des jours et jours elle est revenue au monde, elle a craqué de nouveau et s'est décidé de se marier avec quelqu'un qu'elle n'aimait plus, surtout "pour que la famille n'apprend pas" qu'elle aimait, avait aimé, un autre. (Mon mari, le cousin de la mère de son fiancé).

En découvrant ses lettres, trente ans plus tard, j'étais chagrinée, pour elle et pour moi, j'étais choquée et... j'ai cherché à apprendre ce qui lui était arrivé ensuite. J'ai dû attendre deux ans ou trois avant d'apprendre.

Finalement, c'était en décembre dernière lors ma visite à Stuttgart (à la cousine de mon ancien mari, Sandou) qu'on me l'avait raconté la suite. Daniella s'était marié (oh, que cela m'a fait encore du chagrin de la voir dans son robe de marié, si belle et resplandissante). Mis deux ans plus tard, tout était révèlé à la famille: mon beau-frère reprochant à sa cousine (ce que je n'avais pas fait) qu'à cause de Danielle notre famille s'était dissous. Les sacrifices de Danielle ont était en vain. On a obligé son mari à divorcer d'elle. Au lieu de mettre la faute sur Sandou tellement plus âgé qu'elle! Il avait 42, elle même pas 18! J'ai aussi appris qu'elle était morte, jeune, avant avoir atteint ses quarente ans.

Il nous faut de confiance en nous mêmes et de force de caractère pour résister au coups, que de tout façon nous recevons tous de la vie à un moment donné. Tenir la tête haut, n'importe quoi nous arrive, ou au moins, le redresser rapidement. Tourner la page. Savoir que quelque chose de mieux nous attend après le coin. Que de tout chagrin (presque) quelque chose de bon va sortir, comme disait mon arrière grand-mère.

Hélas, je ne vois pas aujourd'hui quoi de bon est sorti pour Danielle de tout ce qui lui était arrivé si jeune, Danielle que je haïssais longtemps pour avoir détourné mon mari. Je sais par contre que pour moi, sans que je sache encore à l'époque, une grande liberté en est sortie. Et aussi une vie très intéressant et riche.

4 commentaires:

  1. Ta vie est un roman. Pas un roman rose, non, un vrai roman vivant, plein de rebondissements, d'émotions que tu sais si bien nous transmettre.
    Je t'embrasse

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  2. Le regard que tu portes sur ton passé Julie me renvoie une image ... Je n'en dirai pas plus, sauf à constater cette énergie commune à "rebondir" qui fait que tu sois là à écrire et moi à te lire.
    Bonne journée !

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  3. Vous m'avez fait, tous les deux, une fameuse compliment.

    Oui, Dédé, ma vie est comme un roman plein de rebondissement, et j'essaie, comme dans un vrai, comprendre les raisons (même après trente ans s'il faut) pour le rendre plus véridique et plus compréhensible aux autre comme à mes yeux.

    "cette énergie commune à "rebondir" qui fait que tu sois là à écrire et moi à te lire." c'est ce qu'on peut me dire de mieux, humainement, mariel! Bien sûr j'en suis ravie, aussi pour toi et ce "nous" que je sous entends de ta phrase.

    Ce n'était pas facile pour moi à écrire de tout cela mais je crois utile. Sinon, je ne la mettras que dans mon journal intime que je tiens toujours, après plus de 62 ans maintenant. J'espère que quelqu'un, au moins un, en profitera, en réfléchira au moins un peu.

    Et je promets, que mes prochaines entrées seront courtes et plus amusantes.

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  4. tu es un roc et si je n'avais ma vie derrière moi tu pourrais être un modèle ; il est vrai que je ne les suis jamais

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