lundi 20 février 2006

Hammam: "strictement réservé aux femmes"

Arrivée à la maison vers cinq heures et même avant de manger (je n'avais pris que trois petit, minuscules verres de thé orientale depuis le matin)je me suis caressée encore une fois l'avant bras, presque sans y croire: jamais ma peau n'était si douce! Aussitôt, je me suis dit: "dommage que personne ne puisse le constater" et décidé de mettre, coquine, ce titre: dommage ce peau douce que personne ne va pas caresser.

En fait, c'était une pensée très fugitive, et même si c'est vrai que notre peau est devenue plus douce "après", la mienne n'a jamais été spécialement douce (sauf peut-être bébé), ni blanc, ni... enfin, c'était toujours pleine des taches de rousseur en tout cas, et maintenant de pleine des choses dues à mon âge. Les soixante douze ans ont laissé des traces sur mon corps.

Qu'importe! L'aventure est l'aventure, et je m'y suis plongée à pleine dedans, samedi.

Après les dernières photos dans la cour, que vous avez pu voir dans ma dernière note, nous avons franchi la porte très discrète menant à l'intérieur de Hammam.

Entre nous, seulement Lady Tango savait ce qui nous attendait, c'est elle qui nous a aidé à chaque fois franchir le pas, encore et davantage. Avec tant de gentillesse et douceur!

Pendant que j'attendais mon tour à payer, j'ai décidé à prendre "la totale", entrée avec gommage et massage de vingt minutes et thé, pour jouer à fond "le jeu", mais je n'étais encore "dedans" même si j'étais déjà entré et voyais devant moi la première salle intéressante et belle qui n'était en aucune façon séparé de l'entrée.

Au milieu, une énorme vase aux fleurs (de pierre?) tout autour des femmes couchés ou assis, trois tables de massage, une légère atmosphère vaporeux, en haut une terrasse (que peut y être, mais surtout qui peut y pénétrer, je me disais aussitôt).

Non, je n'étais pas encore dedans, je regardais encore pour quelques instantes tout de l'extérieur. Cela m'a permis de prendre vite, en cachette, à la sauvette, cette image, pris bien sûr sans flash. Je l'ai un peu éclairci puis je passé sous photoshop, mais ce ne dit pas grande chose. Heureusement.

Je crois que c'est plus important de laisser l'imagination former le tableau qui changea tout le temps devant nos yeux, mais bientôt, après avoir mise, à l'incitation de Lady Tango une serviette de bain pour marquer notre place et le réserver les unes près de l'autre, nous avons vite traversé le "salle de repos" pour nous déshabiller et poser nos vêtements au vestiaire. En fait, je me suis déjà déshabillé dans le salle de repos, j'avais mon maillot une pièce sur moi depuis la maison.

Le vestiaire très étroite, heureusement je n'ai dû que fourrer mes affaires dans le casier. Première problème: il aurait fallu avoir un euro supplémentaire pour le fermer. J'avais des pièces de 50 centime ou deux euros: non, ça n'allait pas. La JD était allée changer mon deux euros pour qu'on ait toutes les deux et nous voilà débarrassées de nos vêtements et de pleine d'autres choses.

Que c'était passé "après"?

Ce n'est pas facile à raconter, j'étais dedans, je ne regardais plus de dehors.

Lady Tango, JD, Watta, Femme débordé, toutes, ont été à petits soins avec moi comme j'avais deux fois l'âge de chacune d'elles et aucune expérience de Hammam. Si je m'en souviens bien, j'étais avec elles les pieds en bas et le dos appuyé sur une colonne, dans la deuxième salle, plus chaude avec des vapeurs agréables, assise au milieux de la pièce, entourée des autres qui elles, n'avaient aucun problème à se mettre assises en "turc" quand Lady Tango a dit, "tu peux te déshabiller ou rester telle que tu es, comme tu le veux".

J'ai regardé autour, probablement la première fois, pas mal des femmes étaient en monokini mais on trouvait un peu tout. Ce n'était pas comme j'avais cru "costume de bains", ni comme Monalisa m'avait écrit "toute nue".

Alors, tout en me mettant comme la plupart, même si je n'avais pas un paréo (la prochaine fois!) comme les autres, ni une serviette de bains autour des reins, en laissant juste tomber un peu le haut de mon costume et mes inhibitions, en réalité inexistants pour ces lieux-là, je leur ai raconté une histoire qui c'était passé quand j'avais leur âge.

Cette note va être très longue, donc je ne vais pas vous le raconter en détail, comme à elles, mais j'ai dit comment je me suis trouvée une fois dans un vrai camp de nudistes de famille, dans une forêt près d'un lac, disons mieux un camps de vrais nudistes.

Je m'y suis sentie à l'aise.

Tous étaient complètement nus dans ce petit forêt bien entouré et fermé de Province ce jour chaud de juillet, autrement, on n'avait pas le droit d'entrer. Une dame d'un certain âge grosse (comme moi maintenant, quoi) était à la caisse et discutait avec une jeune vietnamienne mince ayant des magnifiques longue cheveux noirs, le prix des tomates et où trouve-t-on les moins chers. Alors, il ne me fallait pas plus pour me décomplexer.

Si c'était bon alors, il y a trente cinq ans, pourquoi pas maintenant. Je ne ressemblais plus du tout à la jeune mais à la vieille, et alors... je me dis.

Puis, nous commençâmes à échanger d'autres détails sur nos vies, "papoter" comme disait Watta ou se confier les unes aux autres, d'après moi. Les deux, en fait. Une à une ou toutes ensemble.

Bientôt, vint le temps de changer de salle et Lady Tango nous disait "maintenant nous allons dans la salle encore plus chaude". Et puis, elle ajouta en me regardant: "tu viens, quand tu veux, tu y restes, combien tu veux." Elles y sont allées. J'hésitais.

Vais-je supporter la chaleur encore plus forte?

En me sentant toute seule, finalement je m'y suis lancée, mais rapidement j'étais arrêté par une chaleur brûlante. J'ai reculé. Non, je ne peux pas! Je me suis assise de nouveau, solitaire. Puis, de nouveau, en serrant les dents, j'ai dit "une minute tu supporteras, Julie!"

Une fois passée la porte où c'était en fait le plus chaud, assise près des autres, j'ai sentie que ce n'était plus si chaud qu'à l'entrée, en fait, curieusement, à l'intérieur de la même pièce il y eu des températures très diverses. Alors, sagement assise, j'ai sué avec toutes les autres. Plus beaucoup envie de parler là-bas. L'important était de "durer".

Dans cette salle, il y avait un petit basin à l'eau froid, Watta est revenu le peau tout froid et je me suis dit 'j'essais, Julie'. Je ne sais pas comment j'y suis arrivé jusque là puisque j'ai dû traverser des zones des vapeurs brûlants. Plongée, ce n'était vraiment pas froid, tout est comparatif, comme dans la vie. Mais revenir, c'était l'enfer. Alors, je n'ai plus bougé du banc.

Assise, j'ai resté avec les autres, tant que Lady Tango n'a pas dit "allons-y maintenant au gommage".

Je n'étais à ce moment-là tout à fait moi-même.

Je ne savais plus où était ma tête.

Je ne savais plus où étaient mes pantoufles, ni mon billet gommage, ni mon savon noir, ni... à qui je les avais confié ou par où je les avais laissé. Mon peau était bien nettoyé, je ne sais pas d'ailleurs comment peut-on imaginer 'sale' un lieu plein des vapeurs d'eau chauds, mais ma tête n'était plus tout à fait présente.

Il y eu une queue pour le gommage, même si tout ce passait en deux minutes. Je suis allée à l'entrée dire que j'avais perdu mon billet. Revenu, une de mes copines blogeuse me dit "voilà, c'est le tien", j'étais trop en vape pour me souvenir quoi j'avais donné à qui à ce moment-là et aussi trop fatiguée pour faire la queue à pied comme toutes les autres.

"Je vais m'allonger un peu dans la salle de repos et vous allez m'appeler". Comme j'allais vers cette salle, une des femmes plus âgée et sympa qui s'occupait de gommage, frotter avec un gant de crin pour débarrasser le peau mort, me dit "rester ici, près de moi, je vous prends tout suite".

Celle qui était la première dans le rang protesta en vain, la dame s'en occupant de gommage lui expliqua sans me consulter que j'avais "mal au coeur" (heureusement, ce n'était pas vrai, mais comme vous allez l'entendre plus tard, cette invention de la dame travaillant là, eu des conséquences fâcheux puisqu'une autre a dû entendre et, pour aller plus vite essayer d'imiter une malaise).

En rien de temps, la peau était débarrassé des peaux mortes (même pas deux minutes et non, Monalisa, je n'ai pas senti qu'on me frottait trop fort), Lady Tango me dit "maintenant prend le savon noir et fait une douche".

Enfin! de nouveau de l'eau à la température que je voulais. Je laissais l'eau couler sur moi, sans trop de savon (il piquait). Le prochaine fois, s'il y en aura, j'apporterai mon propre savon liquide. En réalité, je l'avais avec moi dans dans mon sac laissé dans le première salle, mais ma tête n'était pas encore tout à fait revenu à sa place.

J'ai laissé mes copines et je suis allée m'allonger dans la salle de repos.

- Le massage?
- Buvez d'abord du thé, allongez-vous, puis, on va vous appeler.

J'avais le numéro 22, Watta nous a toutes inscrite aussitôt nous sommes arrivées, heureusement. Les nouvelles venues étaient déjà vers les quatre-vingt.

Le thé me paru absolument fantastique après toutes ces aventures et quand j'ai demandé l'heure LT me dit

- Il n'y a pas de l'heure ici, détends-toi.

Ce que je fis. Puis, les autres étaient toutes là, autour de moi, j'ai apporté du thé à Tracy, mis un peu de huile sur son dos, et attendais que mon tour de massage arrive. Je n'ai pas beaucoup regardé les femmes, jeunes ou plus âgés autour de moi, mais j'étais fascinée par le corp luisant de huile avant le massage. Les masseuses en mettaient pleine. Avec le temps, et le massage doux, l'huile pénétrait et n'était plus aussi luisant, mais au début...



Edouard Debat-Ponsan 1847 - 1913
Musée des Augustines à Toulouse
peinture fait en 1883 "le massage scéne de hammam"

Bien sûr, les masseuses n'étaient pas noirs, mais d'origine arabe, mais les corps luisants étaient belles à regarder, Ponson n'a pas dû y être, puisqu'il n'a pas mis de huile, et puis, on ne croise pas les pieds...


Nous nous sommes remises à parler de nous, j'étais heureuse de connaître mieux les autres quatre. La plupart des autres femmes sont venues d'ailleurs aussi en groupes, au moins à deux ou trois.

C'était une magnifique moment, de détente, de amitié.

Je regardais la terrasse en haut et je me suis imaginée, sans le dire, dans un harem où le maître venait regarder et choisir la prochain élue. Imagination débordante, je me suis dit aussi, mais ici, il n'y a pas grand choix (ce qui n'était pas vrai en fait). J'ai demandé une des trois masseuses "qu'y a-t-il en haut, qui y va?" Elle me répondit: "c'est d'autres tables pour masser". Deux entre nous y alla. Puis mon tour pour le massage arriva, en bas.

J'étais allongée sur le ventre, l'huile déjà répondue sur mon dos, quand j'entends d'un coup une voix disant "couvrez-vous, des hommes vont entrer, des pompiers".

Me couvrir? C'était impossible.

Mais, de tout façon, il n'y avait pas grand chose à voir, que mon dos. J'ai bougé ma tête et les voilà, trois ou quatre jeunes et beaux gaillards en tenu de pompier et ne regardant ni à gauche ni à droite allant tout devant eux d'un pas décidé. Jusqu'au fond de la salle, ils s'arrêtent devant une femme assise, l'interrogent. Entre temps, le massage de mon pied commença, cela me chatouilla, mais juste un instant.

Les pompiers repartis, mon massage continua.

Combien des points douloureux j'avais dont je ne savais rien! Mais je sentais mon épaule gauche et je demandais qu'on y insiste un peu. "Il y a plein des noeuds, je la sens", me dit la jeune et efficace masseuse. Ah oui, ce fut un massage mémorable et, sauf quelques moments douloureux, très détendu.

Une fois que toutes étaient prêtes, (je ne savais pas que Tracy n'a pas pris le massage), nous nous sommes habillées et sorties. C'est alors que je me suis seulement rendu compte, qu'en fait il existe un petit antichambre entre l'entrée et la salle de détente.

C'est là que nous avons fait cette photo (et quelques autres). Je vous met ici celle où nous sommes toutes.

De gauche vers droit: La femme active (elle a quatre enfants et mari et travail), moi, JD (heureusement plus toute seule depuis quelques mois), Watta et Lady Tango. On voit, qu'après ces aventures et les quatre heures passés, nous nous sentions bien ensemble (Allez les lire ce qu'elles disent, chacune à leur façon, sur notre rencontre de Hammam). Et un grand merci aussi, pour le note sur le blog d'un homme ayant déclanché l'idée en Tracy.

Ayant lu leurs blogs, vous pourriez constater que ce n'est que moi qui serai toute heureuse de les rencontrer de nouveau, pour d'autres découvertes, d'autres aventures.

Nous nous sentions très bien dans notre peau aussi. Choyé, bichonné. Dehors, dedans. Une fois que celles qui ont dû ont appellé chez eux, nous avons décidé de rester encore ensemble un moment et nous avons continué à parler autour d'un petit table ronde du salon de thé.

J'avais besoin de réfléchir sur toute cela, même si depuis samedi je me le suis écrit dans ma tête plusieurs fois. Finalement, ce que je dirais que je me sens comme un voyageur, pas comme un touriste. Je l'ai vécu de l"intérieur, j'ai découvert une autre culture, presque une autre façon, intéressant, à vivre. Et je ne me suis pas sentie aussi bien depuis fort longtemps dans ma peau.


Je me suis rendu compte aussi que je ne m'occuppe pas assez de mon corps. Dimanche matin je me suis précipité au petit supermarché près de moi pour m'acheter une huile de corps et un masque de visage. Une crème de corps, aussi. J'ai aussi décidé de maigrir... demain. De aller nager... une autre fois.

Mais ce qui est sûr, je le sens, j'ai vraiment envie de rencontrer de nouveau mes nouvelles copines!

11 commentaires:

  1. Eh oui, Julie, Mona-Lisa est une autre personne, qui a la peau sensible et ne supporte le crin énergique, pas plus qu'elle ne supporterait d'être enfermée dans un harem, et que pire, cela ne fait pas fantasmer. C'est bien là notre différence sans doute. Mona-Lisa aime se baigner nue, mais pas sous la coupe d'un camp, d'une institution, d'une religion. Elle aime se baigner nue dans la nature. L'eau de source est aussi douce pour la peau que le savon noir qui glisse sur l'échine de la peau blanche. Si elle se prélasse, ce n'est pas sur le marbre froid, massée par une esclave à laquelle elle se soumet, pour inverser les rôles, histoire de voir comment ça fait. Mona-Lisa se prélasse sur le sable fin, au soleil, et se réjouit d'une pluie tropicale. Si sa peau luit, c'est sous le beurre de Karité.
    Mona-Lisa a une conception affirmée de la liberté, d'ailleurs elle n'aurait jamais supporté d'un jour se faire battre par un homme, tromper, baffouer.
    ça doit être ça notre différence Julie, tout comme cette conception de l'amour...je n'aime pas les prisons, les portes pleines qui se referment sur une antre, quelle qu'elle soit. Le hammam est une prison pour femmes.
    Les portes de ma maison sont ouvertes aux quatre vents...et je n'aime pas ce qui interdit l'accès...c'est à mon avis, la plus grande privation de la liberté.
    Bien à toi

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  2. ah oui, Mona-Lisa a oublié de dire que pour les massages, elle préfère les soins d'un beau black, et plus si affinités (mais Mona-lisa ne pratique les massages qu'avec les plus si affinités...)
    "strictement réservé aux femmes" quelle horeur! Mona-Lisa a oublié aussi de dire qu'elle avait fait le tour de son homosexualité refoulée...
    je t'embrasse Julie

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  3. Mona-Lisa n'a apparemment pas connaissance des "lavoirs" d'antan, où les femmes se réunissaient autour de la fontaine pour laver leur linge, et passaient ainsi un agréable moment entre amies et voisines.
    Notre lavoir à nous, c'était le Hammam samedi.
    Quand à l'homosexualité refoulée, que dire ? Rien, sinon que nous avons passé un agréable moment à "être" et non pas à "paraître". C'est dingue comme ça fait du bien !
    La prochaine fois nous irons nous prélasser sur le sable fin, au soleil, et nous baigner dans une eau claire ... si Mona-Lisa peut nous indiquer un endroit où l'on peut faire ça en plein Paris ;)
    Bisous ma Julie

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  4. si Mona-Lisa connaît bien les lavoirs d'antan, et n'est pas sûre que c'était un moment agréable: dur labeur que de laver le linge par tous temps (encore une image de carte postale que de croire que c'était sympathique) Mona-Lisa avait une grand-mère qui lavait le linge au lavoir, et franchement elle ne décrivait pas une partie de plaisir. Quant à ce qui s'y disait: des ragots sans importance, des commérages, rien de bien bandant) Mona-Lisa préfère pour laver le linge, la machine à laver...et ne voit pas bien le rapport avec le hammam, ah si c'est que le lavoir cantonne les femmes dans leur travail de femmes...laver le linge des hommes...
    Non Mona-Lisa ne connaît pas de plages de sable fin à Paris. Mona-Lisa dit simplement que la liberté, ça se gagne!
    Bisous ma Julie (Mona-lisa recopie)

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  5. Je suis content que cette aventure soit pour toi une prise de conscience de la nécessité d'entretenir ton corps pour ton propre plaisir. Continue à t'amuser, à être toi même, profite, vis car on ne le fait qu'une fois.
    Bises

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  6. Merci, François, tu as compris l'esprit, profiter de la vie et s'amuser, découvrir des choses tant qu'on peut, encore. Même après 70 ans.

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  7. et bien moi j'ai passé un super moment, et je compte bien le renouveler !

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  8. merci Julie de m'avoir réveillée... penser à soi et à son corps même quand il n'est plus très jeune... oui, oui, oui et oui !

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  9. Très beau post sur la mosquée...
    Ravi d'avoir déclenché tant de bonheur ;)

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  10. Ouiiii ça y est! Je viens enfin de comprendre comment te laisser un commentaire! Merci Lady Tango !

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  11. Moi, j’aurais bien aimé aller au hammam. Le fait que ce soit « strictement réservée aux femmes » m’aurait donné plus de courage, m’aurait libéré un peu plus du fardeau qui me pèse. Je ne l’aurais pas ressenti en tant que prison, mais de protection, de préservation et de soutien physique et moral pour tout ce qui est du féminin.

    Ma vie n’a pas toujours été ni belle, ni heureuse. Une bonne partie du temps, ceci a été du aux hommes… alcooliques, abusifs, méchants. Mais tout n’est pas nettement noir et blanc. Parfois, ce n’est pas que l’on se laisse faire abuser. Parfois, l’abus nous surprend. Ce n’est pas une question de force de l’esprit de la victime, que de ne pas se laisser faire victime.

    Je ne pense pas que Mona-Lisa a raison. Enfin, ce que je veux dire c’est qu’elle a sans doute raison sur elle, mais sa vérité n’est pas la mienne.

    Il faut du courage, c’est sur. Mais ce n’est pas que je me sois laissé faire. C’est trop facile de dire que l’on choisi d’être victime. Ceci n’a jamais été ma choix. Je suis fâchée de ceux qui pensent que leur perspective, leur version de la chose, leur vérité est la seule qui est valable, la vraie vérité, si l’on veut.

    Ce que j’ai choisi été de quitter les relations abusives de mon passé, mais il n’est pas aussi évident de quitter mes propres pensées, dont j’en suis autant victime.

    J’aurais aimé me mettre nue dans l’environnement protecteur du hammam, mais seulement si j’ai pu n’être jugée que par moi-même. Je pense que c’est ce que tu y as trouvé, Julie. Je t’en remercie d’avoir eu le courage de partager cette expérience avec nous.

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