C'est le titre de livre que je viens de recevoir par la poste. J’étais émue quand je l’ai ouverte et je suis partie hier vers Paris en y pensant sur la route.
Écrit par Dédé, pseudo Aben sur le Web, ce que j’ai reçu est l’intégrale des lettres envoyées presque jour par jour pendant environs deux ans par un jeune appelé à sa mère pour la rassurer. Et pour lui, tenir contact. Au dessous, c’est écrit : d’Alsace en Algérie.
Comment peut-on écrire un document si important et un vrai chef-d’ouvre à vingt à vingt-deux ans à peine ?
Je me suis toujours demandé comment certains écrivains, poètes, ont pu créer à leur jeune âge des œuvres tellement important. Je n’ai toujours pas la réponse, sinon un don et une disponibilité. Dédé possédait les deux.
C’est dur de décrire tout ce que j'en ressens, d’en écrire sur le blog, pourtant dans moi-même je l’ai fait d’innombrable fois et à chaque fois différemment.
Une fois, j’ai commencé dans ma tête à parler des nos cinq sens. Un bon œuvre littéraire nous fait utiliser les plupart de nos sens en le lisant et ce que j’ai ressenti en lisant ses lettres.
La vue. Je vois devant mes yeux ce berger, identifié trop tard comme tel, courant comme un lapin. Et je n’en dirai pas plus, mais c’est la lettre détaillant ce qui c’était frappé, écrit à chaud, qui m’a lassé l’impression la plus profond et inoubliable. Digne d’une des meilleurs scènes de film, hélas, il s’agissait de vie et mort, de guerre et pas de la paix. « Une pacification musclé » disait Dédé et ensuite, pendant cinquante ans il a tout fait pour oublier, ne plus y penser. Puis, il a retrouvé les lettres qu’il avait écrit dans une boite de chaussures dans lesquelles sa mère les avait rangé, soigneusement.
L’ouïe. On entend les crépitement des mitraillettes, des gueulades des caporaux, des… oui, on entend avec le jeune appelé, on vit avec lui ce qu’il vit. Et aussi les accents des Alsaciens, la façon de parler des « pacifiés ».
Le toucher. Il parle aussi des matériaux, textiles ou tanks oui, on les touche presque avec lui.
Le goût. Il décrit souvent les repas prise et aussi ce qu’il lui manque, ce qu’il voudrait en paquets.
L’odorat. Ah, l’odorat est plus fortement dedans que dans beaucoup des œuvres. Certains contingents, qui ne se lavent pas, d’odeurs inhabituelles qui le dérangent, et puis… aussi incroyable, en 1956 il n’y avait pas encore des toilettes près de la caserne ! (Je ne crois m’avoir trompé, n’est-ce pas ?)
Une autre fois, je me suis décidée à commencer en décrivant les livres que j’ai plus appréciés :
La guerre et le paix de Tolstoï, chef d’ouvre classique de la littérature pour toujours, découverte à 16 ans mais relus plusieurs fois depuis.
Les quarante ans de Musa Dagh, de Frank Werfel, magnifique description fictionnelle de massacre des arméniens dans la Turquie, que j’avais lu juste après la deuxième guerre mondiale. Après l’avoir lu, tous mes problèmes me paraissaient minuscules et sans importance vraie. Il l’a écrit avant le Holocauste, comme s’il aurait ressentit déjà ce qu’il allait se passer aussi dans sa patrie.
Les Journaux de Victor Klemperer, écrits entre 1933 et 1945, qui m’avait laissée aussi un souvenir inoubliable, sur sa vie de juif de plus en plus persécuté, survivant près d’une épouse chrétienne malade qui trouve des forces en elle au besoin. Ce professeur de littérature franco-italien, a osé mettre tout ce qui se passait autour de lui sur papier, (même si de temps en temps il allait chez deux amis pour les cacher) donne une fresque et document, même si, sa lecture devient plus dur de temps en temps justement à cause de foisonnement des détails. Néanmoins, il écrit avec telle sincérité qu’on continue à être avec lui, malgré son caractère pas toujours très beau qu’on ressent de ses écrits. On voit tant les allemandes qui disent « j’ai peur » d’aider, de protester, etc. que ceux qui l’ont aidé et ont soufferts, les jeunes qui s’en moque de son étoile jaune et le vieux monsieur qui vient lui serrer le main, et, pendant le temps qu’il avait encore le droit d’utiliser le tramway, ceux qui lui tournent le dos pour ne pas le voir.
Oui, et le quatrième dans ma liste sera Chers Parents de Dédé.
Ainsi vous comprenez où je le place.
Edité, je suis sûr qu’il deviendrait un best-seller. Parce qu’il est très bien écrit et c’est aussi un document et quelque chose qui vous fait penser, réfléchir. Non seulement sur la guerre, la paix et ce que France a fait, mais aussi sur l’armée tel qu’on l’avait pratiqué depuis des centaines d’année, tel que tous les appelés l’ont vécu, mais personne ne l’a mieux et plus minutieusement et intéressant en même temps décrit. Il était tout en bas, un bleu, mais aussi plus tard, promu de l’autre côté. Il a réussi rester homme et bien en tout circonstances, tout en faisant son devoir.
Mon fils m’en avait parlé un peu en 1990, de ce qui se passe dans l’armé, mais c’est Dédé qui m’a fait vraiment vivre avec lui, le vraiment ressentir, et y faire réfléchir encore.
Mais le message de ce livre va nettement plus loin, il s’agit de l’humanité et des relations les uns avec les autres, un très vaste sujet de discussion.
En tout cas, vous comprendrez: « j’aime ces lettres! »
Je l’avais lu d’abord sur mon ordinateur, et j’ai recommencé à les relire sur la forme de livre que je l’ai reçu. Dédé, maintenant, cinquante ans plus tard, tient un blog, a ouvert un deuxième. Il hésite. Publier ou non, ses lettres. Le offrir au publique, ou non. Aurait-il des lecteurs ? Prouvez-lui, il aura en allant sur son site, en lui laissant des message ou tout simplement chez moi, en commentant ce que je viens d’écrire.
Comment peut-on douter, alors que je vous décris la valeur tant littéraire que de document de ses lettres ?
Nous pouvons tous douter, à ne pas oublier non plus les dernières mois passés en Algérie et la valeur choquant de tout qu’il décrit pendant ce temps. Lui aussi, comme Klemperer, comme Werfel, n’avait pas peur, j’admire son courage. Je me suis dit souvent en lisant une de ses lettres « avait-il jamais pensé ce qu’il lui sera arrivé si un de ses supérieurs aura ouvert et lu ? » Et c’est ce courage de dire, et le dire avec des détails, qui fait la valeur aujourd’hui et qui le fera encore longtemps.
Je crois, qu'il fait partie de ses lectures dont on peut dire "on n'en ressort pas comme on y est entré".
merci pour cette découverte littéraire, je vais vite me procurer ce livre
RépondreSupprimerDemande-le à Aben, ce n'est pas édité encore, il hésite même pour le moment de le publier ou non sur le web dans un blog.
RépondreSupprimerbonjour Julie
RépondreSupprimerl'époque dont parle André je l'ai bien connue, jeune adolescente puisque mes deux grands frères étaient "là-bas"... je suis allée lui en parler... merci à toi de l'avoir évoqué ici.
Bon week-end
Je viens de blog d'Aben (Dédé, André) et c'est son anniversaire, aujourd'hui: je ne le savais pas. Bonne anniversaire!
RépondreSupprimerTrès émouvant en plus c'est son anniversaire, un cadeau que tu lui fait en quelque sorte. C'est beau. Bravo !
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