jeudi 9 février 2006

Il y croyait


comme moi jadis, ce jeune que j'ai rencontré à son sortie de la siège de partie communiste français avec le drapeau rouge dans un main et une affiche dans l'autre croyait.

Très gentillement, il s'est arrêté un tout petit temps pour moi pour que je prenne la photo, mais ensuite, il m'a dit "je ne peux plus, excusez-moi, je dois suivre les autres.

Comme moi alors, il suivait.

- Et pourquoi vous manifestez?

- Contre la précarité d'emploi des jeunes.

C'était une dimanche matin, place Colonnel Fabien. J'avais rendez-vous avec Giulia, la Julie mi-italienne m'a donnée, avec une sourire au coin rendez-vous ce jour-là devant la siège du partie communiste.

Comme d'habitude, je suis arrivée avant elle et j'ai profité pour photographier la place, les imeubles et la sortie de métro, les reflets dans les vitres des maisons. Puis les gens, comme d'habitude. C'était aussi la nouvelle année chinoise et la première photo des gens que j'ai prise ce jour-là étaient trois jeunes chinois très sympatiques, eux aussi. Non, ils n'allaient pas à manifester, ni pour la précarité, ni pour l'année nouvelle: ils se rassemblaient pour aller faire la fêtes chez un d'eux. Puis, j'ai prise la photo de gens allant, je crois, vers la siège de parti, mais c'est cette image de jeune que j'aime le mieux.

Jadis, j'allais moi aussi manifester avec joie, le 1e mai, le23 août et le 7 novembre : j'avais quinze ans. Mais déjà, à dix-sept ans, la joie c'était transformé en devoir (c'était obligatoire) et plus tard, je faisais comme les autres et prenais le clef de camps aussitôt passé la tribune, ausstôt que cela ne constituera plus un mauvais poing dans nos fiches de cadres.

A seize ans, j'étais conducteur de jeunnes pionniers de l'école hongrois de Bucarest et on m'avait dit que tous les écoles éthniques passeraient tout au début de matinée devant la tribune, nous avons donc dû rassembler les enfants dès cinq heures de matin. Mais les mot d'ordre changea et nous ne passâmes finalement que vers midi. C'était dur, tant pour moi que les gosses.

Ce post est aussi un clin d'oeuil à Berlioz, ayant écrit un note sur la précarité. On propose seulement deux ans pour les jeunes qui n'ont pas eu aucun travail et, on peut les concédier pendant ce temps, n'importe quand.

Je n'ai jamais pratiquement eu d'emploi 'sure et stable' et à partir d'une partie de ma vie, toujours seulement par contract d'un an, renouvellé ou non. Je sais, que veut dire "précarité" vraiment. Commencer à trembler vers la troisième partie de année "que ferais-je si..."

J'étais aussi de l'autre côté, "patron et offreur d'emploi" et j'ai fait démarrer pas mal des jeunes dans leur premier emplois et leur avais appris à utiliser les micro-ordinateurs. "Aprés" ils ont tous trouvé de travail facilement. J'ai aussi vu, qu'il y a des merveilleux éléments apprenant vite, mais surtout plein de bonne volonté, mais aussi de ceux qui font semblant de travailler et même, certains qui ne font même pas semblant. A l'époque, la période d'essais d'une mois paraissait même trop long pour certains entre eux!

Ce n'était de bonne coeur qu'on concédie quelqu'un, au moins pas pour moi, mais ma société très petite et très fragile, n'arrivait pas à payer, survivre, avec quelqu'un n'apportant pas quelque chose productive, effective à la société. Je n'étais pas non plus douée, quoi qu'on disait pendant les premières années de "faire de l'argent" même si j'avais du flair pour trouver des produits intéressant à importer et même pour les vendre. Je ne pouvais pas porter tout le fardeau sur mon dos, j'avais besoin d'autres pour m'épauler.

Au début, je travaillais seule. Puis, j'ai prise une aide comptable à mi-temps pour m'aider à débrouiller les problèmes administratives et déclarations obligatoires. Après une année, un jeune étudiant est entré en m'offrant un journal à acheter, il essayait d'arrondir les fin des mois en allant de porte à porte, avec des manières très sympa. Je l'ai engagé et pendant quatre ans il était mon "vendeur" allant dans les boutiques vendant des materielle informatique, mais aussi participant activement dans l'entreprise, tant que son temps d'études et ses études lui permettaient. Puis, il est parti travailler pour Apple qui lui avait offert des meilleurs conditions.

J'ai aussi offert de travail à un jeune, fils d'une amie de mon premier mari, il est aussi parti travailler dans une boutique d'informatique "parce qu'il savait déjà pas mal". Chez nous, c'était son premier emploi et il faisait semblant de travailler toute la journée à notre comptabilité. Ce n'est qu'après son départ que j'ai découverte, stupéfait, qu'il n'a fait que semblant et que (n'ayant plus des moyens de payer pour cela un vrai comptable) j'ai pris une année entière de tout refaire bien (ou passablement, parce que ce n'était mon domaine).

Puis, d'autres, n'ont pas duré plus d'un jour ou une semaine pour que Betty, ma secrétaire fantastique, trilingue, jeune mère d'un bébé, me disent "cela ne va pas aller!" Elle était meilleure juge que moi et hélas, avait toujours raison, même quand j'insistais à tester encore. Mais même la jeune fille, enfant des boulangers, qui n'a pas passé plus d'un mois chez nous est repartie trouvant aussitôt de travail à la poste: elle savait déjà utiliser l'outils informatique, faire des mise en page, utiliser les feuilles de calcul, se mettre à Macintosh ou PC, mais surtout ayant appris la terminologie nécessaire pour en parler.

En m'y mettant, je ne savais pas de quoi je vais parler ce matin, mais voilà, je vous dévoile une partie de ma vie, toute une période qui était arrivée après qu'on m'avait déclaré froidement que j'étais trop vieille, femme, non d'origine français, etc. et que je trouverai très difficilement de travail dorénavant. Je suis devenue d'abord enseignant à travail temporaire alors, puis créateur d'entreprise et importatrice des produits micro-informatique.

Merci, jeune divorcée de m'avoir invité à répondre aux quatre questions, en y réfléchissant, plusieurs portes se sont ouvertes en moi! Merci Berlioz aussi et à Giulia, tous les trois vous avez contribués, m'avoir aidé à rouvrir tout un pan de ma vie.

8 commentaires:

  1. Mon petit club de football emploie actuellement trois jeunes en situation de précarité qui ne sont pas vraiement formés pour cela, l'un à même une maitrise de comptabilité mais ne trouvais pas de boulot dans sa branche. Les contrats proposé par le gouvernement ne précarisent pas tant que cela. Je n'aurais pu employer qu'un seul jeune sans les aides de l'etat. Là, j'en emploie trois que je forme (2 ont passés le concours d'éducateur fédéral niveau 1 avec succès). Eux et moi sommes conscient qu'au bout de deux ans, ils seront licenciés. Ils ne souhaitent pas rester toute leur vie dans le football avec un petit salaire surtout avec les études qu'ils ont fait. Mais sortant de l'école, ils n'ont aucune ressource, juste le RMI et la sensation d'être inutile et à charge. Avec ce contrat, ils retrouvent la dignité d'un travailleur et un peu plus que le RMI. Le problème ce situe bien au niveau de la première embauche.

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  2. C'est un très bon témoignage de la complexité des choses que tu nous donnes là Julie. Je crois que ce type de contrat n'est pas une mauvaise chose en soi. Simplemement, il me semble que ça devrait être réservé aux petites entreprises ou associations qui on besoin d'une compétence précise et ne sont pas certaines de maintenir leurs emplois. Malheureusement, je crois que ce sont encore les grosses entreprises qui se serviront de ces contrats pour traiter les jeunes comme des esclaves : Vous bossez pour deux et vous la fermez, sinon c'est dehors illico !

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  3. oui Julie, moi aussi, j'ai un autre regard sur les choses, le PC et compagnie, que j'ai aussi cotoyés fut un temps, et dont j'ai pu facilement voir les limites de l'idéologie...on connait la suite...triste à mourir. je ne sais pas aujourd'hui à quoi correspond le communisme, je m'étonne même qu'un tel parti existe encore...
    quant à la précarité de l'emploi, j'ai beaucoup connu ça. Il faut bien se dire qu'il est bien terminé le temps où tu prenais un boulot pour la vie. Si, il existe encore pour les gens employés dans le secteur public, dont la mère nourricière est l'Etat: salaire assuré, retraite etc...question de choix.
    Bref quand on passe derrière les deux côtés du rideau, on appréhende mieux la réalité. J'ai choisi l'entreprise indépendante. Je ne peux me permettre d'avoir un salarié. Je ne compte pas mes heures. Je ne me plains pas. J'ai des charges importantes, et des fois plus de boulot. je ne peux m'en prendre qu'à moi...
    En France, on commence généralement par dire "non" à tout. C'est le côté révolutionnaire, mais les propositions constructives ne sont pas légion...Pauvre France qui essaie encore de vivre sur ses acquis, mais n'en a plus les moyens, alors elle se lamente, se plaint, sans fin, au lieu de prendre le taureau par les cornes, et d'avancer, comme le fait l'Espagne par exemple...
    allez je t'embrasse

    b

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  4. Moi je crois qu'il y a une notion qu'on oublie c'est que autant on pourra renvoyer, autant la recherche d'emploi deviendra facile car l'offre sera la.

    En Thailande les loi pour l'emploi ne sont pas des masses du cote des employes, vous vous en doutez. Pourtant la facilite d'emploi ET DE RENVOIS. Cree l'emploi et donne un force a l'employe dans la mesure ou il a le choix. Alors pour le garder on le cageole beaucoup!
    Je pense que c'est une bonne chose. C'est normal d'avoir peur mais on se concentre trop sur un seul scenario. Il faudrait au moins essaye au lieu de tout rejeter en bloc.

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  5. Moi aussi j'ai connu la précarité au retour de l'étranger en revenant dans mon pays. Il fallait que je cotise un certain nombre de mois pour de nouveau profiter des assurances sociales et j'étais bien malade... française oui mais... alors j'ai travaillé comme une bête avec l'angoisse du lendemain pendant un an et j'avais ma fille avec moi 'heureusement). Puis j'ai connu l'nefer à l'hôpital. Je sais ce que veut dire demain peut-être.... Mais tout cela me fait mal aussi je pense aux autres. Bises

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  6. Je rejoins assez Mamounette. Il y a des gens qui sont en situation de ne pas se permettre le luxe de l'incertitude.
    C'est très bien de regarder comment font les autres pays, mais il faut considérer les choses globalement. En France, beaucoup de chefs d'entreprises se comportent comme des monarques. J'ai travaillé pour plusieurs pays différents. Avec les allemands et les américains, c'était génial : "vous avez telle compétence? ok ! on vous l'achète ! telle somme, ça vous va ?". Et puis j'ai eu affaire aussi à des français : "c'est sûr, vous êtes compétents, mais vous comprenez, c'est difficile pour nous, on n'est pas certains... on ne peut pas vous payer plus que ça et encore, c'est parce qu'on vous connait bien..." On rogne sur des choses essentielles pour faire du chiffre : sécurité, qualité, respect des salariés (c'est quand même d'eux que dépendra le produit à la sortie). Les clients ne mettent pas longtemps à voir que le service n'est pas à la hauteur, alors ils vont voir ailleurs. Je suis pour la souplesse, oui, mais aussi pour le travail bien fait et le respect des petites fourmis qui se lèvent tous les matins pour faire courageusement des boulots pas toujours très drôles et parfois même très ingrats. C'est pas du Communisme, c'est simplement du bon vieux sens.

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  7. Encore une fois bravo Julie. D'abord de me faire découvrir ton côté "employeur" que je ne connaissais pas et d'exposer aussi bien les difficultés qui sont à partager entre l'employeur et l'employé.
    Et surtout, d'avoir permis qu'un débat s'ouvre sur cette précartité qu'auront de plus en plus à vivre les hommes dans nos sociétés modernes.
    Le temps des familles d'autrefois dont les enfants héritaient du métier que leurs grands parents avaient légué à leurs parents semble bien révolu. Le fait que les avancés technologiques et la sous-traitance internationale aient supprimé bien des emplois dans nos pays évolués ont encore ajouté à cette précarité. Il faudra bien s'y faire : ce qu'on appelle le progrès n'a pas de marche arrière.
    Bises

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  8. Julie,
    merci pour ce témoignage juste et qui montre combien il est difficile de faire des choix dans la vie, autant pour le salarié que pour l'employeur.
    Pour ma part, je pense que ce CPE n'est qu'un leurre et honnêtement je ne vois pas ce qu'il va bien pouvoir apporter à la fois aux salariés et aux employeurs du moins aux pme.
    Quand un patron embauche un jeune c'est, à mon avis, un investissement à long terme. Il n'a aucun interré à s'endébarasser et à en reprendre un nouveaux comme une nouvelle "machine", car le jeune salarié ne devient "rentable" pour une entreprise qu'après une période plus ou moins longue selon ses fonctions.
    le CDI actuel, avec sa période d'essai permet déja de savoir à l'un ou l'autre s'il a fait le bon choix!
    certains patrons, pratiquent le cdd puis le cdi... Il y a bien une période de précarité, mais qui, à mon sens est bien moins importante que celle du CPE.
    Et il y aura TOUJOURS des salariés "je m'enfoutistes" et des patrons tyrans!
    je pense que la précarité ne sera pas combattue grâce à un contrat! Elle peut être combattue qu'à la racine! C'est à dire dès l'école où l'on forme les futurs employés et patrons!
    Il est vrai aussi que le français dit non à tout... alors pas facle de réformer le mammouth!!!
    à quand l'entreprise aux cotés des universités???
    quand arrêtera-t-on de dénigrer certains métiers??? quand arrêtera-t-on de voir que d'un coté, de son côté (employé, employeurs)??? Quand arrêtera-t-on de mettre tous les patrons dans le même panier?

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