Demain, j'irai pour la premiere fois sur le tombe de toute la famille du pere de mes enfants. Un de ses copains, celui qui m'avait raconte il y a quelques semaines, vers mon arrive a Bucarest, ses derniers jours et minutes, va m'y accompagner.
Pas tres facile epreuve, mais je le considere aujourd'hui, necessaire.
Au moins, il reste une trace d'eux, meme si les uns sur les autres: plusieurs generations dans le meme place me donneront l'occasion a penser un peu a chaqu'un d'eux. Un des fils de mon beau-frere qui repose lui aussi la, viendra aussi, je crois, j'espere. Il represent la prochaine generation.
Cette jeune mere et bebe de quatre mois, represente aussi l'avenir. Le grand-pere (pere du papa du bebe), mon cousin d'a peine 50 ans, est mort dans un accident il y a pas si longtemps, le venu de bebe ayant rendu courage a vivre au fils, qui etait au volan au moment que la voiture a derape sur le glace.
Il n'y a pas de traces apres tous de ma famille emportes de Cluj, j'y pensais en regardant le nouvellement repaint synagogue de cette ville. Je ne suis jamais entre dans le synagogue, etant baptise tres tot, protestante, et ayant survecu sans mourir a Auswitz comme ma cousine de meme age que moi.
Ces jours des morts, je penserai aussi a eux, a elle, disparu en fumee en printemps 1944, avant atteindre ses dix ans. J'ai deja survecu plus de 63 ans a elle, mais je la pleure encore.
Je suis triste pour mes parents et grand-parents, mais elle, reste comme une blessure profonde en moi qui ne se ferme jamais completement.
Demain apres-midi, avec les cousines de maman. Son mari avait 16 ans environ, ou un peu plus, quand il avait ete emporte. Il est revenu sterile et ma cousine qui l'aimait, s'est resignee, ne jamais avoir un enfant qu'elle avait pourtant esperee. Oui, les survivants n'ont pas echappe non plus sans sequelles, chacun differentes.
Je lis, pendant qu'on peint la cuisine le journal de Michail Sebastian. Oui, les juifs de la Roumanie n'ont pas ete emportes et concentres, tues en masse comme ceux de la Transylvanie hongroise alors, mais que de haine decrit-il. Combien il a souffert, d'abord a l'ecole et universite ou on le battait a cause de son origine et on lui interdisait dire a lui, dont la famille avait plus de 250 ans dans Roumanie, dire "nous les roumains".
Et ensuite, on ne voulait pas jouer sa piece "on ne peut programmer une piece d'une juif!" et par la suite, de plus en plus des persecutions suivirent. En plus, beaucoup de ses amis (et son mentor) croyaient en Hitler et mettaient tout qui arrivait mal sur le dos de ses juifs maudits. "Non, pas toi...." disaient-ils, tu es atypique.
Je suis stupefait lire tout ce qu'on disait et la facon que la plupart des journaux ecrivaient. Probablement, aussi en France pendant une epoque, d'ailleurs. Je ne savais pas, ne comprenais pas l'etendu de la haine que certains attissaient souvent par interet, esperant bien se faire voir.
Ces jours, pensons chacun a nos morts et plutot a tout ce qui nous unit au lieu tout qui nous separe.
Ces temps, en Roumanie, meme si pas dans les journaux, on hurle contre les gitanes.
J'ai vu une troupe danser et chanter merveilleusement et heureux qu'ils etaient eux aussi invites, aux journes de Hunedoara. Et les parents, regarder vers la scene avec une telle enchantement!
(La mere gitane d'une fille qui dansait a accepte de poser)
Les danseurs gitanes de Hunedoara, dans leur costume.
Les danseurs roumaines de Hundedoara en costume folklorique.
J'espere pouvoir inviter des troupes de differents nationalites dans ma ville, chacun pourait montrer comment on danse et chante chez eux, il y a de richesse d'apprendre et comprendre des uns des autres.
moi cela s'arrête à moi, mais j'ai mes nombreux neveux, nièces, petis neveux, petites nièces (tant que j'emmèle les prénoms) et je n'irai pas sur les tombes parce qu'elles sont éparpillées, et pour certaines hors de France. Une présence de tous les jours par contre et une envie de les faire connaître aux plus jeunes.
RépondreSupprimerMoi qui étais la quasi rebelle !
Cela parait si rebatu de parler des lignées, de la vie à travers les générations, mais c'est une des choses les plus réelles
Bonnes journees Julie
RépondreSupprimer-LiLi-
Merci julie de nous faire partager tes retrouvailles en Roumanie
RépondreSupprimerCe post vous résume tout à fait Julie, toutes ces raisons d'être tristes et immédiatement après, la capacité d'enchaîner sur la gaité des danses multicolores. Bous avez un talent de alvie!
RépondreSupprimerun" talent de la vie" oh oui ! d'autant plus aigu qu'elle ne t'a pas fait de cadeaux
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