samedi 12 mars 2005

à quoi sert

à quoi c’est bon ?

Ces jours-ci, on a parlé un peu partout (même mon fils m’a envoyé un email) du mort d’un des premiers employés d’Apple. Ce qui m’a porté en arrière, quand j’étais, il y a 25 ans, déjà la « vieille » entre les pionniers de la micro-informatique en France.

Tout est arrivé, et fini, par une série d’empêchements et ennuis, me conduisant une, après l’autre, dans des nouvelles aventures.

J’ai dû divorcer -> j’ai pu partir en Amérique.

Je n’ai pu rester là -> je suis retournée en France.

Je n’arrivais plus trouver de travail en recherche fondamentale chimique (trop vieille, femme et pas née en France me disait une secrétaire, ah oui, déjà à l’époque, il y a 25 ans, certains m’appelaient « la vieille ») -> je me suis mise à enseigner l’informatique à plus débutants que moi.

Je n’ai pas gagné assez en enseignant -> j’ai découvert Apple II et le langage Basic.

Ma fille est restée en Amérique, loin de moi -> pendant ma visite chez elle, j’ai découvert les Cartes Mémoire Legend. 64k ! 128k ! c’était énorme à l’époque, même Microsoft ne vendait à l’époque qu’une carte de 32k.

Je n’avais pas de boutique ? Qu’à cela ne tient ! -> J’ai dit à Dave (pdg du Legend à Detroit) que je suis « distributeur » (puisqu’il m’avait expliqué par téléphone que la différence entre « dealer and distributeur » est que le « dealer » a une boutique et le « distributeur » n’a pas mais distribue à ceux qui en ont.)

Je ne pouvais pas vendre les cartes mémoire sans avoir une société ? -> J’en crée une.

Après énormément de travail (huit matin à 11 de soir et six jours au moins par semaines – puisque le dimanche je me reposais en lisant seulement sur le sujet), ça démarre en flèche, même s’il ne restait pas beaucoup dans ma poche. C’était passionnant. Je réussissais transmettre mon enthousiasme aux clients, journalistes, acheteurs, copains, sur les produits de plus en plus nombreux choisis après coup de cœur.

Une grande société internationale voulant s’introduire quelques années plus tard en microinformatique a barré ma route, prenant mon produit far d’alors, un logiciel bon marché de mise en page, que j’avais réussi à introduire en France depuis quelques années. Ils m’ont piégé en me vendant bien 100 exemplaires en anglais (comme avant ceux d’Amérique) à bas prix habituels, puis m’interdisant changer la langue. Demandant le prix double pour ce droit. Procès. Intervention. Articles mensongers et de mauvaise foi sur ma société.

Après une exposition étant près, j’ai traversé les montages entre la France et l’Espagne et en revenant, j’ai été attrapée par une tempête de neige. Seule, en voiture sans pneus équipés, j’ai glissé et arrivé tout près du bord.

En revenant, j’ai écrit ce poème et le texte qui suit.


5 Avril 1987

Souvent quand quelque chose de désagréable m'arrive je me pose la question :

"Á quoi ça sert?"

Dimanche dernier j'ai conduit dans la montagne, seule dans une tempête de neige, sans chaînes. J’étais habillé d’été, et ne voyais presque rien autour de moi. Deux à trois fois la voiture a glissé, elle ne voulait plus avancer, et une fois elle a fait un demi-tour involontaire, heureusement pas vers les précipices. Sans bottes, ni gants, tout cela n'était pas bon, j'étais vraiment effrayée.

Que vais-je devenir?

Je me suis posé cette question pendant deux à trois heures - qui m'ont semblé interminables. Ne devais-je pas m'arrêter à la première maison rencontrée, (il y en avait très peu dans cette montagne d'Espagne), attendre que l’orage de neige finisse, m'abriter, être sûre de survivre, sans problèmes ou gelures?

J'ai réussi à traverser.

20 Km plus loin, à la frontière française, il n'y avait plus de neige ou presque plus. J'ai foncé sur la première boulangerie et je me suis acheté une baguette. Avoir du pain. Pourquoi? Danger - guerre - pain? Association. Où être enfin de retour, en France?

De toute façon, je sais maintenant à quoi cela a servi.

Hier, j'ai eu un coup terrible, lisant les saletés horribles qu'un idiot a écrit sur Bip, sur nous dans la revue des revendeurs Apple, et bien sûr, j'avais envie de.... Mais ensuite, je me suis acheté quelques livres, un bon roman de Wonk sur la guerre et tout est redevenu à l'échelle: relatif le danger de glisser avec cette voiture, de rester seule au milieu d'une montagne enneigée, d'avoir les pieds et les mains gelés ou tomber dans un précipice - le reste n'est pas si grave. Bien sûr, je lutterai. Ce con nous a causé sérieusement tort. Mais ma vie, ma santé ne sont pas menacées - surtout, si je ne le prends pas trop à coeur!

Bonne leçon!

Et écrit ce poème :

La pomme de la connaissance, par Julie

La pomme de la connaissance
qu'Eve offrit à Adam
je vous l’offre à vous
La voulez-vous?
J’y ai mordu et je ne l'ai pas regretté,
mieux vaut connaître et lutter
que suivre et subir - pour moi;
mais chacun doit décider pour soi.

Il y a la lutte entre ceux qui veulent posséder et nous dominer
et ceux qui veulent apprendre et offrir des connaissances,
Les uns et les autres sont forts.
Mais les objets, l’argent s’envolent, se dispersent,
les connaissances survivent; et les souvenirs :
c’était comme cela dans ma vie.

Apple - la pomme s’ouvre, aussi sa boîte, mais le plus important,
son coeur, son cerveau pour les livrer à nous tous: j’y mords
il livre les secrets enfouis dans son ventre,
à nous, non-spécialistes, à nous, non-programmeurs,
à TOUS qui ont la curiosité,
la volonté de connaître et d’en faire
ce qui était sa destination première:
un outil personnel et personnalisé.

Wozniak nous a donné Apple II ouvert à tous, pour y plonger,
Jobs nous a donné le Mac et son interface humaine, uniforme,
Bill Atkinson nous a donné HyperCard pour puiser facilement
dans le coeur même du Mac et de ses outils
pour en extraire avec simplicité presque tout ce que nous désirons,
tout ce dont nous avons besoin !
Andy Herzfeld nous offre son Serveur à puiser dans ses ressources.

Et pendant ce temps les autres disent:
“Vous n’avez pas le droit de modifier,
de localiser,
de traduire,
de personnaliser!”

Ils imposent, ils intriguent et complotent,
ils veulent gagner par la ruse et non par le mérite.

D’un côté on cultive l’esprit de la Renaissance: partageons!
utilise mon idée,
envoie-moi un sou si elle t’a servi,
améliore-la,
personnalise-la et
repasse-la aux autres.

Les autres disent: “Ne touchez pas à un seul de ses cheveux,
je ne vous vends même pas le programme, je vous le ‘loue seulement’
il reste, même après que vous l’ayez payé! ma propriété, mon bien
dont je continue à diriger la destinée, même chez vous!”
Que de différence!

Mais je sens le raz-de-marée venir, déferler.
Heine disait “Douanier tu te trompes!
Tu fouilles dans ma valise en vain,
la contrebande n’est pas là,
la contrebande est dans mon esprit.”
Qui peut lutter contre les temps qui changent?
Contre l’esprit libre et créateur!


Finalement, j’ai dû chercher de travail ailleurs. Pour couper court, après deux ans, j’ai atterri contractuelle d’éducation nationale, responsable pour 400 Macintosh et ses nombreux utilisateurs. -> Un travail de rêve… qui en plus, m’a offert finalement une bien meilleur pension (quoique minime, ah oui, à cause de tous mes pèlerinages.) que j’aurais eu sans cela.

Dans ma vie, une chose à conduit à l’autre et finalement, à une vie riche et qui continue à s’enrichir.

1 commentaire:

  1. c'est presque le même récit - raconte hier, si différemment bien sur, au théâtre en anglais!

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