lundi 21 mars 2005

Le bouche à l’oreille

De site en site, c’est de bouche à l’oreille. Une des meilleures façons à découvrir une nouvelle perle rare : le blog de quelqu’un l’écriture duquel résonne en moi. Mais ce n’est pas le seul moyen. Je peux cliquer sur un mot de mes préférés et trouver quelqu’un avec l’intérêt similaire.

Hélas, les mots ont double voir triple sens !

Je voulais découvrir, dieu sait pourquoi, d’autres de mon âge, voir ce qu’ils écrivent. J’ai mis donc «senior» à tout hasard. Je tombe aussitôt sur le blog d’un jeune écolier «senior».

J’ai eu plus de chance avec les mots dans le site d’image de Flickr (ils ont annoncé hier que c’est vendu à Yahoo), en cherchant par mots clés, j’ai découvert des groupes intéressants, des nouvelles personnes et images fascinantes.

J’ai aussi essayé ma ville, et là, je suis tombée sur un blog intéressant, moins personnelle que ce que je lis d’habitude, mais j’ai plusieurs facettes et je peux sortir de mon cocon, cela ne peut être qu’enrichissant. Sauf, quand je mets, sans savoir, le pied dans le blog d’un pirate.

Je n’ai rien contre le pirate qui «emprunte» et test, apprend.

Par contre, quand ses «blagues» vont (pour se prouver ou à ses copains?) jusqu’à ajouter un bouton. Détruire ce blog sur le tableau de bord d’une mamie vulnérable, ou même, mettre le code détruire derrière un qui affiche «créer un blog», là je trouve que trop c’est trop.

Peut-être, je me trompe. M’imagine.

Aucun «jeune boutonneux» comme disait l’article parlant de moi (ce n’était pas sympa, d’acc), ne peut en vouloir à une mamie de 70 berges qui en plus n’écrit pas d’un français correct. Les boutons d’adolescence s’effaceront, hélas pas ceux de la vieillesse.

Mes rides se creusent davantage chaque jour, la peau s’amollit. Je ne récupérerai plus jamais ma jeunesse. C’est le cœur qui reste jeune. Quelquefois, l’esprit aussi. Alors…

Suis-je paranoïaque? Je ne sais pas. J’essaierai d’oublier, même si je m’aventure avec un peu plus de craint «hors de ma sphère.»



Je me suis rappelée que c’est à l’Internet que je dois mon divorce.

Mon mari (ex) y avait trouvé quelqu’un qui le fascinait, de l’autre côté de l’Atlantique. Comme les banques lui refusèrent de payer régulièrement à celle-ci 1000 dollars par mois, celle-ci le mit finalement en contact avec une personne vivant pas loin, ayant besoin des papiers.

Il était marié? Qu’à cela ne tienne! On l’a influencé, il m’a poussé au bout. Pour que ça l’air que c’était 'moi qui le voulais'.

Oui, on ne sait jamais vraiment si ceux se disant nos copains sur Internet le sont vraiment. Mais… Dans la vie, face à face, sait-on davantage? Sait-on vraiment?

Avec la première impression, vrai ou faux, mais encré en nous, on ferme souvent les yeux devant tout le reste. Je l’ai fait. Je sais.

Je me suis trompé… moi-même, et cela, oui Micheline, tu as raison dans ceci, malgré mon propre intuition qui criait «gare!»

Par contre, tu n’arrives pas à comprendre, mais en dépit les souffrances et amertumes qu’on décrit mieux dans les récit ou journal que les joies éprouvées : «je ne regrette rien, ni le bon ni le mal» comme chantait, je crois, Edith Piaf.

J’ai eu des moments, jours, voire mois d’intense bonheur. Personne ne peut le prendre ça de moi ! Oui, je me plains d’eux.

Oui, (excuse-moi, mon fils), mais ton père non seulement me trompait, mais il m’a trahi. Il a surtout tout fait pour m’abaisser, ébranler ma confiance.

Oui, mais… puis-je pour autant oublier l’amour dans les champs de marguerites?
Sa gentillesse lors de la mort de ma mère?
Ses biceps bronzés, musclés ?
Ses yeux bleus rayonnants de chaleur après l’amour dans le compartiment (non recommandé) de train lors nos voyages de noce?
 Puis-je oublier la fierté avec lequel il m’offrit de son premier salaire une petite robe d’été acheté au marché (que j’ai conservé en souvenir)?
Ce regard et sentiment d’ensemble, après la naissance de notre bébé?

Et même, après notre séparation et divorce, nos remariages, il me regardait toujours comme «sa femme» prêt à me défendre au besoin. Alors…

Oui, Paul (ce n’est pas son vrai prénom), a vécu trois ans sur mon dos. Oui, il a trahi ma société, coupé sous ses pieds le branche sur lequel il était assis. Me mentait sans cesse, non seulement «je t’aime» mais presque tout était faux ou exagéré de ce qu’il disait sur lui-même aussi.

Oui, mais… moi, je l’aimais. Profondément, sincèrement.

J’étais fière qu’un homme comme lui (tel que je le croyais être) m’apprécie, m’aime, me cajole, me mitonne des bonnes petites plats. Va avec moi en vacances. Quand il n’était pas ivre (ou drogué, que sais-je, «il se guérira») j’étais heureuse avec lui. Pourquoi? Comment?

Il faut regarder seulement la photo de cette femme, tout arrondie (cause cuisine au beurre de monsieur que mon organisme ne supporte pas bien) mais rayonnante, confiante, bien dans sa peau. Et après? La voilà de nouveau mince, mais aigrie, l’amertume, heureusement pas inscrit de façon permanente sur le visage.

Oui, je me suis réveillée de ce conte de fée aussi, mais au moins dans ma tête, je l’avais aussi vécu. 'Rester ensemble pour la vie, vieillir ensemble' - j’y ai cru, au moins trois fois dans ma vie.

Et la dernière fois ?Micheline m’a dit samedi (elle a lu tous mes journaux avec les récits que j’y ai ajouté) «mais il a hurlé devant le stand de ta société dès le premier jour, tu auras dû te méfier!»

Et alors?

Je n’aspirais plus de la vie, après 55 ans, que quelques jours, quelques mois de 'printemps' que la vie veut bien me donner.

Bien sûr, j’étais naïve. Et alors?

J’eus beaucoup plus de bonheur. Plus de quelques mois.

« Mais avec haut et bas » me dit-elle. C’est vrai aussi. Mais quel couple ne les a pas?

J’ai rencontré un être plein de savoir, culture, profond. Attentionné (enfin, au début, très). Il a su m’étudier. S’adapter. Me conquérir. M’apprécier. (Au début).

Oui, après, il a ressenti ce qu’il appréciait.

« J’avais fait semblant », me dit-il après notre séparation.

Peut-être, peut-être pas.

Les jours se sont enchaînés en mois, puis années. J’appréciais le bon, fermais les yeux au reste. Non, je n’ai pas oublié les heurts non plus. Et c’est trop près pour ouvrir les blessures à peine cicatrisés et laisser échapper les bons souvenirs aussi, mais…

Je me rappelle aussi d’un profond sentiment de plénitude, cette après-midi tiède quand sur la Butte Montmartre, lors un de nos promenades, il me montra une branche brillant sous le soleil couchant, vibrant d’une légère brise : « je te l’offre », me dit-il. Il m’a offert ce moment.J’ai aussi encore dans la bouche la saveur de prune mure ramassé par terre dont il m’offrit la moitié, et l’odeur de foin près des champs, la couleur du ciel avant le coucher. Et dans l’oreille, une musique de Schuman qu’il jouait au piano spécialement pour moi.

J’aurais laissé la méfiance me dominer, ma vie aurait été grise, les années passant, s’enchaînent. Il ne m’en reste tant que cela ! Non, je ne vais pas m’enfermer dans mon petit coin, me méfier de tous. Il y a tellement des gens bien et des facettes fantastiques en tous. Ceux de bonne volonté sont prédominants dans le blogosphère, photosphère, comme dans la vie « réelle ».


Encore un long texte de Julie. Déclanché par «de bouche à l’oreille» (Laurent en écrirait un toute autre histoire dans son blog!)

Ah oui, je n’ai pas encore appris à m’exprimer en deux ou trois paragraphes percutants comme par exemple Pierre dans son blog. Peut-être bien, avec le temps, cela arrivera aussi. Mais sur mon Word, tout ceci occupe moins de deux pages.

1 commentaire:

  1. Bonjour Madame Julie !

    J'ai découvert votre "blogue" sur Un_blog_par_jour ! Vous avez une écriture splendide, et vos textes confidences nous tiennent en haleine jusqu'à la fin. La confidence, parfois, ça fait peur en public? comment voyez-vous la question?

    Merci de votre réponse, vous êtes une dame sympa :)

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