mercredi 6 décembre 2006

La fête de Saint Nicolas

photo Kertesz
Noël n'était pour nous le "papa Noël" mais dès le cinq décembre le soir, en Roumanie, Hongrie, je crois Allemagne aussi, tous les enfants, après avoir ciré bien leur chaussures (et les plus grands des préférence) les mettaient entre les deux volets de la fenêtre.

Puis, on se couchait, on essayait à pas s'endormir - en vain - attraper pour une fois le papa Nicolas (qu'on imaginait comme le père noël que je vois aujourd'hui partout) passe.

Celui, qui nous apporte des bonbons (pour les enfants sages) et des verges dorés (comme on n'a pas été toute l'année). Les deux ensemble, en fait. Et non, chez nous, la verge doré n'était que décorative et je ne me suis pas imaginé dans mon enfance qu'il aurait pu servir à autre chose.

Le matin, grande plaisir: les chaussures remplis par magie!

Mais une fois, mes parents sont allés ensemble dans une autre ville, juste pour ses jours, autour de l'arrivé de papa Nicolas. Que faire? Je savais déjà, vers huit ans, que c'était eux qui m'achetaient en réalité les cadeaux et nous sommes allées avec maman acheter des bonbons.

Comme elle se sentait mal à l'aise m'adonner juste pendant cette évènement, elle m'acheta exceptionnellement un kilo entier des bonbons, j'étais déjà assez sage, elle me faisait confiance de ne pas en abuser d'un coup.

J'ai dormi avec ma cousine, chez eux, le soir de cinq.

Le matin, ensemble, (nous avions la même âge) nous nous précipitons à la fenêtre.

Rien.

Les chaussures étaient vides.

Dois-je vous dire ma déception, notre déception? Je m'en rappelle encore maintenant, tant des années plus tard. Et pourtant... je me dis, j'étais là quand maman a acheté mes bonbons. L'ont-ils volé, ma tante et mon oncle? Méchante pensée d'une petite fille, mais qui dis que les enfants sont "bons" et ne pense que des choses convenables?

Nous étions là, les visages triste, la bouche tourné vers en bas, quand les parents de ma cousine nous appellent dans l'autre chambre. Et voilà, dans la fenêtre, des chaussures, des noix, des gâteaux, et des bonbons.

Quelques bonbons.

Pas tout mes bonbons! Je n'osais pas demander, où est ma kilo de bonbons, mais je dois dire que je n'étais pas très heureuse, même avec les petits gâteaux préparés par ma tante. Et mon oncle, aimant blaguer, se dit qu'il nous a fait une bonne blague.

Je ne le trouvais pas amusant.

Un peu plus tard, j'ai pu parler avec maman au téléphone, et en privé. Je lui racontas ce qui était arrivé.

- Julie, ils sont plus pauvres que nous, ne peuvent acheter autant des bonbons à ta cousine.

- Mais je donnerai volontiers la moitié de mon kilo à elle. Où sont mes bonbons?

- Ils n'ont pas confiance que vous n'allez pas abuser, non plus, comme moi en toi. Je reviens bientôt.

J'étais contente de ne pas avoir des parents pauvres et de ne pas avoir des parents qui n'ont pas confiance en moi. Et qui ne me frappent pas, comme on le faisait avec ma cousine.

Mais cette pensée, non exprimée, m'a hanté trop longtemps, après que ma cousine et ses parents ont été emportés vers Auschwitz pour ne jamais revenir. J'aimais tant ma cousine, ma collègue de classe et de banc, ma camarade de jeux de tous les jours.

Julie, comment as-tu pu penser sur elle et ses parents ainsi? je me le reprochais souvent, trop souvent.

Il a fallu que les années passent, pour qu'un matin de six décembre je me réveille chez mes petits enfants en me souvenant subitement: j'allais la prendre de chez soi, en la tenant par la mains, la plus souvent. J'ai bien eu des pensés mauvais une fois, mais tous les jours, j'étais une bonne amie pour elle.

Hier, j'ai raconté à ma petite fille et sa copine, qui se querelles souvent et aussitôt continuent à être bonne amies: c'est normal de avoir d'opinion diverses, ce n'est pas pour cela qu'on n'est pas des bonnes amies. Moi aussi, avec ma cousine...

Maintenant, je pense plus tranquillement à elle. Vous raconter l'histoire m'a aussi soulagé, encore plus. Je ne me sens plus coupable de mes pensés d'alors. Et je comprends aussi, ce n'étaient que des pensées, pas des actes.
8 décembre 1993: il y a combien des années? Il y a treize ans seulement, mais cela me parait une autre femme, celle que j'étais alors, mais je parlais alors aussi de Poussin, comme on appelait alors ma cousine "ma poussinette". Je viens de publier cette note dans RetroBlog et j'ai de nouveau le coeur lourd me la rappeler. Elle, mais pas ce qui c'était passé ce matin-là.

4 commentaires:

  1. Merci de nous faire partager ces souvenirs émouvants.
    Très bonne St-Nicolas à toi

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  2. La St Nicolas était pour moi la fête des petits garçons comme la Sainte Catherine était celle des jeunes filles. Nous y reçevions mon frère et moi, des cartes postales de toute la famille, bien plus que lors de la Saint François d'Assise qui est mon saint patron, des cadeaux et des chocolats. Plus qu'à Noël car mes parents propriétaires d'une charcuterie étaient trop occupés pour la Noël pour que cela fut une fête.
    Nous fêtions Noël entre enfants le 25 seuls dans l'appartement pendant que mes parents travaillaient. C'était une bonne fête. Le père fouettard ne passait jamais, pourtant, ce n'est pas faute d'avoir gouté du martinet tout au long de l'année.

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  3. c'st normal de penser ce genre de chose petite.
    On pense rarement à mal. C'est juste que l'on pense "logiquement", sans encore y mettre la raison.
    Plus en grandissant, on apprend la comassion, la rasion, le remord d'avoir penser cela.

    Et puis, petit, on aime à ne voir que les avantages des choses ....
    un exemple ... j'apprends tous les jours, en parole, et en exemple, que le mensonge n'apporte rien, et qu'il faut éviter ca, a mes enfants. Du coté de mon ex, on "banalise" le mensonge, car il ment très régulièrement, et souvent, les enfants s'en rendent compte franchement. Pour des choses importantes, comme pour des broutilels. Il leur montre le contraire de ce qu'on essaie de leur apporter, de notre coté. Alors forcement, le plus petit, qui "subit" cela depuis ses 1 an, retient surtout que mentir peut apporter bien plus que de dire la vérité ..... Alors forcement, je comprend .... Petit, on voit que ce qui arrange, ce qui va dans son sens du moment. Je ne leur en veut pas.
    Mais certainement, plus tard, il veront plus clair.
    C'est aussi l'apprentissage qui se fait. A condition d'être guidé, comme tu l'as été par tes parents, ta mère. Petit à petit tu as appris à voir "clair".
    Alors ne t'en veut pas.....

    Mais je comprends que y repenser, repenser à ton amie perdue bien trop tot, te peine. Mais au moins, tu peux te dire aussi qu'à ta mesure de petite fille, tu as bien souvent essayer de lui faire plaisir, connaissant ses problèmes ;-)
    Tu as fait à la mesure de tes moyens, et de ton ressenti d'alors ;-)
    Et tu lui a apporter aussi beaucoup ;-)

    Bon courage, Julie
    Sophos

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  4. J'admire, Sophos, quand elle lit, quand elle commente, elle va toujours au fond des choses! merci

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