mercredi 10 janvier 2007

Il y a seulement douze ans

Je viens d'arriver à publier une note dans le rétro blog, texte que j'ai décidé à partager ici. C'était seulement il y a douze années, même si cela me parait comme s'étant passé dans une autre vie.

Oui, si je ne lirai pas aujourd'hui, ce que j'avais écrit alors, ce que j'avais ressentie à ce moment, je me dirais "ce n'est pas vrai". Ecrire et conserver les moments qu'on vit, vaut vraiment la peine. C'est tellement différent de ce qu'on écrit "mémoires" après des années!
7 Novembre 1994
Quatre ans depuis que nous sommes, et si Bien ! mariés. C’est aussi l’anniversaire de la mort de papa et celui de la révolution russe, fêtée dorénavant seulement par quelques nostalgiques. Il y a deux jours j’ai vu Gorbatchev à la télé, il a rajeuni.

François et Julie grand-père et grand-mère et... jeunes amoureux.

À cette occasion j’avais envie de décrire quelques-uns des nombreux liens qui nous unissent, plus qu’on aurait cru, nettement plus qu’il y a quatre ans et de loin plus qu’avec n’importe qui d’autre.

Corporels : pas seulement être là, câliner, satisfaire l’autre chaque fois qu’on devine ou que l'autre en manifeste l’envie, mais s’y donner complètement et avec amour. Aimer jouir et aimer faire jouir. Sans jamais faire un drame de la fatigue, des lassitudes momentanées de l’autre, se comprendre, s’attendre.

Mais en plus, la tendresse des nuits, du coucher et du réveil. Dormir enlacés, se retourner en même temps la nuit, le plaisir de sentir la peau de l’autre, de caresser, être caressé, massé, sentir l’autre. Être là.

D’âme : avoir des sensibilités très rapprochées, pleurer, rire ensemble, avoir de la joie, de l’émotion et de la tristesse partagés, sentir à l’unisson beaucoup de choses.

Partager. Un film, une histoire, une musique, une rose, un paysage.

Non, on ne les “partage” pas, puisqu'on les regarde ensemble, avec des sentiments qu’on sent de l’autre, qui émanent de l’autre, c’est avoir un plaisir agrandi... pas une part du plaisir, mais plus grand que si on le voyait seule. Ceci non plus, nous ne l’avons jamais ressenti ainsi auparavant. Non pas à cette hauteur, profondeur.

J’ai l’âme un peu plus masculine, François un peu plus féminine et on se rejoint énormément en sensibilité, dans la façon dont nous ressentons tout qui laisse une empreinte d’émotion. La rose que François offre à mon regard, les feuilles d’arbre impressionniste tremblant sous les derniers rayons du soleil que j’offre à François. Nous nous offrons ainsi plein de cadeaux que nous rapportons avec nous et dont le souvenir nous rapproche.

Puis créer, travailler ensemble, des cours, des travaux dirigés...

Je suis fatiguée, lasse, mais ma préretraite est réglée. Ou presque? Non. Davantage. Bientôt, je ferai le "boulot" d'une grand-mère à Washington pour deux semaines. Et mon livre avance bien!

8 Novembre 1994Ça fait exactement quatre ans que je suis mariée à François. Aujourd'hui, en descendant pour ranger ma voiture je me suis regardée dans la glace de l’ascenseur et je me suis sentie si jeune, si bien dans ma peau. Le miroir me dit aussi que je vais très bien. Heureuse, détendue.

Le monde est beau! Et, comme dit François, quatre ans de mariage ont laissé leur empreinte sur moi.

La traduction et l'introduction de mes journaux en Mac y est aussi pour quelque chose. Je vis un peu dedans et parfois je ressens l'émotion vécue au temps que je suis justement en train de traduire, de corriger.

C’est la première fois que je relis mes journaux du début jusqu'à la fin, je suis arrivée juste après la semaine où je suis devenue femme et je ressens bonheur et soulagement après mes doutes et mes hésitations - je me rends compte que j’avais réussi à être heureuse en n'importe quelle circonstance! La force que cela me donne, m’a toujours donnée.
Rappel des temps quand à 25 ans je venais d'être mis dehors de mon travail, interdit de continuer mes études, juste avant que je décide de sauter le pas et devenir femme.

Mais instinctivement, à l'époque, je le comparais aussi à ce qui venait se passer avec moi: j'avais perdu justement mon emploi, comme à 25 ans et je ne savais ce que je ferais de ma vie, mais j'avais trouvé de la joie, plusieurs d'ailleurs, pour m'en sortir.

5 commentaires:

  1. Julie, c'est très beau, je suis émue et tant de mots à lire qui m'arrivent aujourd'hui, oui cette complicité, ce bonheur, oui .... Merci de te dévoiler encore un peu plus !

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  2. voilà bien longtemps que je n'étais passée chez toi, bien m'en a pris aujourd'hui, je me suis régalée à la lecture de tes souvenirs...merci julie !

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  3. que l'on est heureux pour toi en lisant cela

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  4. Tes souvenirs sont emouvants et j'ai beaucoup d'emotion a les lire.

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  5. com precedent de ... Nathalie K.
    :-)

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