Continuation (écrit en 1996)
Le lendemain, un homme d’allure impressionnante, une expression de marbre, des yeux vagues, pénétrants, inquiétants, l’attendait à côté de rédacteur chef en fumant. Un homme à la barbe blanche.
- Vous partez dimanche ?
- J’ai déjà acheté mon billet.
- Qu’emportez-vous là-bas ?
- Juste mon carnet de notes et bien sûr, mon appareil photo. Des vêtements de rechange. Et, je l’espère, assez d’argent.
- Voilà l’enveloppe de la rédaction, dit son chef. Je vous laisse parler. Je te souhaite bonne route. Appelle-nous le plus souvent possible.
Restés seuls, Pierre et l’inconnu à barbe blanche se regardèrent quelques minutes en silence. Ils se jugèrent, se mesurèrent. Ils se parlèrent d’un mouvement de tête, d’un clignement de paupière, sans dire un mot. C’est le barbu qui rompit finalement le silence.
- Oui, vous avez les nerfs.
- Depuis que c’est décidé.
- Vous ferez face.
- Il le faut. Je sens qu’il faut que j’y pénètre.
- Je comprends.
- À n’importe quel prix.
- Je vous ai apporté trois objets. Vous pouvez les emporter avec vous. Ils pourront vous être utiles.
- S’ils ne sont pas trop lourds, alors...
- Voilà. Celui-ci petit et mince comme vous le désirez, est un téléphone mobile. Sans fil, utilisable n’importe où. Liaison radio, satellite. Vous appuyez sur ce bouton rose et ça démarre. Pas besoin de former un numéro. Tout que vous direz sera automatiquement enregistré à partir de là. Si vous posez une question, en appuyant sur le bouton gris en même temps, on vous répondra, aussitôt. Il y aura toujours quelqu’un entre nous à l’autre bout.
- De vous ?
- Nous voulons vous aider. Découvrir la vérité. Découvrir les secrets cachés, enfuis. Depuis trop longtemps. Espérons, pas définitivement.
- Et les deux autres objets ?
- Voilà un papier vous l’expliquant, mais ne l’emportez pas. Celui-ci, est un minuscule appareil photo, numérique. Facilement relié au téléphone que je viens vous donner. Il transmettra sur-le-champ l’image photographiée. Et ceci, pour vous défendre.
- Je ne veux pas y aller en ennemi.
- Au cas où vous en auriez besoin. Défensif, mais il a l’aspect inoffensif. Comme vous vous êtes défendu aux combats.
- Vous êtes au courant ?
- Que pensez-vous ?
- Que voulez-vous de moi, demanda la deuxième fois Pierre au barbu.
- Je vous souhaite bon voyage.
- Que voulez-vous ?
- Je veux vous aider. C’est notre tâche, notre rôle. Mais moi, je suis aussi personnellement concerné. Comme vous.
- Personnellement ?
- Ma femme vient de Roumanie. Elle a dû partir à cause d’Elena, de la Securitate, de toute cette bande de Ceausescu et ceux qui étaient autour de lui, d’eux.
- Elle s’appelle ?
- C’est noté aussi sur le papier que je vous ai passé. Sur la dernière page. Elle a souffert là-bas.
- Je comprends.
- Nous sommes à vos côtés, comprenez cela, c’est le plus important. Mais en plus, si vous découvrez, par hasard quelques papiers sur tout ce qui lui est arrivé...
- Je verrai ce que je peux faire.
- C’est cela. Bonne route. Bon courage. On restera à l’écoute.
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