lundi 23 mai 2005

Des instants qu'on s'en souvient

En recopiant sur mon blog Notes un text de Maupassant se promenant au bord de l'eau, je me suis rappellé des premières promenades, mémorables, après avoir acheté mon appareil photo numérique (la première) et aussi de la promenade dans la forêt il y a 46 ans déjà et ce qui s'ensuivit.

Ces parties, recopiés de mon journal intime d'il y a une année, réponds un peu à l'exercice que je propose là : "parlez de certains instants magiques quand vous étiez un avec la Nature, quand vous croyiez tout possible".

Ce blog-ci, essaie de prouver à moi-même surtout, et à ceux qui me lisent, que tout espérence n'est pas encore perdu pour moi, qu'il y a encore tant des choses qui m'attendent.

7 avril 2004
Je regrettais de ne pas pouvoir voir le monde en gris ou sépia, et, sans savoir, je me suis acheté hier une appareil photo numérique (Sony Cybershot 3.2) qui me permet la voir ainsi !

Elle est très légère et pas difficile à utiliser. Avec la mémoire que je peux glisser dans le PC Sony, récupérer et visionner les images est un plaisir.

J’ai encore pas mal à apprendre encore. Tant mieux. Et avec la numérique, je pourrais prendre, effacer, refaire, expérimenter, tant que je veux.

10 avril 2004
J’ai fait quelques très bonnes photos (d’après moi) avec le Sony numérique et imprimé chez moi, celles aimés. Pour comparer, j’ai aussi commandé quelques photos à Kodak en ligne. Les photos les plus réussis sont ceux où je m’en occupe du sujet et l’inspiration et fais confiance dans quelques choix préalables de l’appareil pour prendre soin des détails techniques.

M’occuper des formes, textures, comment placer le sujet et de quel perspective le prendre est déjà pas mal des choses à penser, s’habituer. Je dois mieux comprendre encore « comment les yeux circulent » dans une image, et, étudier avec plus d’attention, les peintures. Réfléchir comment les fameux manuscrits (oui ! en couleur et non pas en noir et blanc) fonctionnaient, comment placer l’ensemble texte et images.

Ecrire des commentaires ou un récit sur une ou plusieurs images. Après avoir vu le monde en gris, je me rends mieux compte de la magie des couleurs. Le rouge des poivrons ridés, le vert de l’herbe ou des feuilles fraîches du printemps, le bleu du ciel, le gris des nuages de pluie, l’effet d’une tache de couleur, ton de chair. Mais surtout de la vérité du concept, que j’appliquais déjà : moins, plus simple, plus isolé, c’est mieux. Sauf, rarement, quand on veut exprimer la multitude (tout une classe des enfants montant les marches), mais alors, hélas, les détails se perdent, surtout dans une image petite format.

Je devrais aussi essayer le 3x4 et ne plus tronquer mes images verticales en les retournant de force sur l’ordinateur. Oui, d’accord, horizontale c’est l’équilibre, verticale c’est l’énergie, mais tout dépend du sujet. Je ne pouvais pas prendre la jeune femme faisant du gym, dans le parc, un pied étendu devant soi sur un parapet, verticalement, ni le dos nu de Gaby en horizontal et pour le couple s’embrassant, l’important était de prendre vite ce que je voyais (l’homme de dos, cachant la femme dont on ne voyait que les jambes non couverts d’une jupe.

11 avril
Je suis devenue femme il y a 45 ans. En me réveillant à 7 heures, j’ai prise une photo au lit, puis les tulipes de la voisine, et à huit heures, les champs de jonquilles devant la piscine.

Après seulement 350 mètres, une photo de la piscine, et deux de moi (les cheveux mouillés et puis séchées) et une de la Seine au loin. Puis d’une usine près de pont.

Je suis allée à Carrière sur Seine où Sandou allait contempler les saules et réfléchir comment la vie a tournée différemment de ce que nous l’avions envisagées, il y a 46 ans sous les saules près du lac à Bucarest. Il faisait beau. Je n’avais plus de mémoire disponible et je suis revenue, vidée et revenue, j’ai pris encore des photos, émerveillée de la beauté de la nature, des sujets divers. Un chiotte, un bourgeon, un saule près de débarcadère. J’ai bu un café (1,2) au Marronniers et écouté demander « fiston, donne-moi une rosé, mon grand, ce n’est ni rouge ni blanc ».

Après m’être baigné dans l’atmosphère, j’ai passé chez moi revider la mémoire puis foncé au marché. Autant qu’au bord de la Seine, je n’ai rencontré qu’une dame promenant son chien, le cycliste buvant sa rosé et le jeune homme le servant, autant le marché grouillait ce dimanche du monde. Marché coloré, j’ai pris surtout des photos des tissus étalés, des fruits offerts, mais aussi de quelques transactions, mains tendus, corps penchés.

J’ai mangé tard, admiré les images fait depuis le matin, puis remémoré cette journée, il y a 45 ans : nous l’avons commencé aussi au marché, en achetant des tomates et du fromage pour notre pique-nique. Retournés, se "reposer" chez son copain qui lui avait laissé ses clés. Je lui avais lu une poème en français. Nous le voulions, nous le craignions. Devenir femme fait mal, mais ils nous a rapproché. Revenue chez moi je me regardais dans le miroir et m’étonnais que cela ne se voit sur moi que je ne suis plus vierge.

Quelque temps après, j’ai commencé à avoir un sourire spéciale, je crois que j’en ai gardé un peu de cela encore.

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