lundi 14 février 2005

Fiction : Les archives secrètes (1)

(écrit en 1996)

Mon premier essai d’écrire un roman de fiction : action a tourné court. J’ai utilisé de vraies nouvelles des journaux, des lieux et situations connues même si les événements et les personnages sont fictifs. J’espérais, mais n’osais pas, revoir ces archives moi aussi, tout comme la femme du barbu.
Je vous le met sur mon blog aujourd’hui, en feuilleton, une partie à la fois, chaque jour.


(écrit en 1996)

Fin 1989 Bucarest, la capitale de la Roumanie était en effervescence. Les reporters ont décrit la lutte entre les jeunes révoltés et les membres de Securitate, la police secrète roumaine au service de l’ancien régime communiste. L’un des jeunes reporters français remarqua quelque chose de louche. Un char l’écrasa le lendemain, « par hasard ».

Pierre, son meilleur ami et collaborateur, le pleura longuement.

« J’étais là, ça s’est passé pratiquement devant mes yeux. Il m’avait averti quelques heures auparavant qu'il avait observé quelque chose de louche, il ne m’avait pas dit quoi, hélas. Était-ce volontaire ? Non. Ce n’est pas possible ! C’était un accident. »

Le lendemain de « l’accident » dont toutes les télés françaises ont parlé, les « révolutionnaires » ont pénétré dans les caves menaçants de Securitate. Trop tard. Les archives étaient en flammes et brûlèrent avant qu’on puisse sauver quoi que soit. Au moins, ceux qui y entrèrent l'affirmaient. Les laissèrent-ils brûler exprès ? Mais pourquoi ?

Puis, les “révolutionnaires” attrapèrent l’ancien directeur et sa femme Elena, les condamnèrent par un procès fulgurant et les fusillèrent le surlendemain à l’aube. On photographia leurs corps, celui du dictateur et de sa méchante femme et toutes les télés du monde le diffusèrent. On déclara dans le pays : « la tyrannie est détruite, vaincue ». Certains en occident trouvèrent le procès bâclé, surprenant et d’autres s’effrayèrent de la nouvelle atmosphère.

Le tyran était vaincu, détruit. La tyrannie aussi ?

à travers télévision les révolutionnaires proclamèrent la liberté. Leur porte-parole, un homme d’âge moyen, Ilus, fit des discours enflammés. Qui était-ce ? Il était un ancien chef de la Securitate tombé en disgrâce depuis quelque temps. Il promettait maintenant que tout allait changer. Tout ?

***

Qu’est-ce que ce journaliste français, comprenant la langue roumaine, avait-il pu entendre qui lui aurait pu valoir être tué ? La lutte entre les deux camps avait-elle été organisée, orchestrée, jouée, comme une pièce de théâtre devant le public ? Avait-elle été seulement une lutte entre les factions ? Pierre, journaliste de Nouvel Observateur, revenu à Paris depuis quelques mois, était tourmenté par de nombreuses questions.

Un matin, en se levant, il se regarda dans le miroir. Il grimaça. Pourquoi moi je vis et lui, mon copain n’est plus là ? Mon copain était grand, blond, moi chétif, mince, pâle, brun. Il était beau, intelligent, je suis quelconque. Oui, et en plus, depuis quelque temps aussi triste et se tourmenté.

Pierre se rasa lentement et décida d’élucider le mystère, coûte que coûte. La clé de l’affaire n’était pas dans les images vues et revues de milliers de fois déjà, montrant la mort de son copain. L’important n’était pas la façon dont il était mort mais pourquoi. La clé était dans le cerveau des gens. Dans les caveaux, dans les archives de la Securitate. Ils les ont brûlé. Ont-ils tous brûlées ?

Pierre redressa son dos, s’allongea, il devint plus grand. Il se sourit et tout son visage s’éclaira. Il asquia dans le miroir à soi-même.

Il s’habilla rapidement et alla à la rédaction, raconta sa décision à son rédacteur chef:

- As-tu pensé que nous avons déjà perdu un homme ?
- Justement.
- Ce que tu veux faire est bien dangereux.
- Je sais.
- Tu risques gros.
- Je veux savoir ! J’ai perdu mon sommeil.
- Si tu insistes, si tu y tiens absolument, nous financerons ton voyage. Mais attention, un de nous, resté là-bas suffit.
- Je voudrais partir dimanche.
- Viens demain, je te donnerai quelque chose et peut-être te ferai rencontrer un copain. À dix heures le matin, mais viens plutôt chez moi. Tu sais où j’habite ?
- Oui. D’accord. À bientôt. Et merci.

Pierre partit, se sentant déjà plus léger. Rien n’était encore arrangé, mais il sentit un souci de moins sur son épaule. La chose était décidée, d’une façon ou autre son copain allait être vengé. Comment ? Il n’en savait rien encore, mais il le ressentait dans tout son être. Les nuages commencèrent se dissiper. Un léger rayon de soleil apparaissait.

1 commentaire:

  1. En voyant la longueur du post, je me suis dit «Ooooh, c'est long!»

    Mais en arrivant à la fin de ma lecture, voyant le mot «comment» en vert, je me suis dit «Déjà?» et j'avoue que j'avais oublié que j'étais en train de lire un post!!!

    Nous aurons droit à la suite??? Il faudra numéroter les chapitres soigneusement!

    Passionnant!

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