mardi 21 juillet 2015

Publié il y a dix ans



Butte Montmartre, 23 ans de ma vie

Quand je suis revenue d'Amérique, après trois ans, en 1980, j'étais décidé à trouver un appartement à Paris, en ville et pas banlieu comme avant: mais où? Je ne connaissais bien la ville. Avant, j'étais venu juste pour des petits visites ponctuelles, de Eubonne, de Gif sur Yvette, de Ham ou même de Saint Didier sur Chalaronne où j'avais vécu.

J'ai décidé d'aller chaque jour dans un autre quartier. Je prenais le Figaro tôt le matin, je regardais ce qui était dans mes prix, (et des fois pour m'amuser même hors de mes prix) et j'y allais me promener, regarder le logement, quand il n'y avait pas trop grand queue déjà. De arrondissement en arrondissement, logement sombre ou sans chauffage, quartier froid ou trop cher, je suis ainsi arrivé rue Mercadet, près de la Mairie de dix huitième.

D'un coup, j'avais l'impression à me retrouver "chez moi", dans la ville de mon enfance Kolozsvàr. 

Encore aujourd'hui, je ne sais pas d'où vient l'analogie, peut être parce que je n'ai pas ressenti là la frénésie habituelle, les gens ne courrent pas mais plutôt marchent lentement. L'atmosphère des lieu m'attira et à partir de là, je ne cherchait plus que autour de rue Mercadet.

Les deux premiers appartements étaient chers, mais en plus, sans lumière, sans assez de lumière disons, avec un autre immeuble juste en face mais trop près. En plus, j'avais appris que si je n'arrive pas assez tôt, je n'ai pas la choix et ne suis pas prise en considération même. Cette fois, je suis allée deux heures d'avances.

Rue Mont Cenis? 

Bien, c'est près de la Mairie, près de rue Mercadet, ça va. Mais le vingt-cinq? Les numéros montaient, montaient, et moi aussi les marches. Oh, c'était tout en haut après les derniers. Navré, j'ai constaté, que même deux heures d'avance, j'étais la deuxième. Un jeune homme me précédait déjà.

Nous avons attendu. 

La femme de l'agence est arrivé avec un retard de demi heure. Bien, venez, vous deux. Ensemble, nous avons monté au premier étage, mais... par la fenêtre, une fois entrée, cela paraissait le quatrième! Un parc en bas,du lumière, de la vue. Les deux petits pièces m'enveloppaient avec amitié. Je veux ca!

Tant pis, qu'il n'y a pas vraiment des pièces séparés, tant pis, que la cuisine est minuscule, tant pis, qu'il n'y a pas qu'un coin douche! J'ai lutté pour l'avoir, triché même un peu disant que j'ai un bon travail alors que je venais arriver. Donné un papier en anglais pour le prouver. J'ai habité là vingt deux ans.

Pour ma société aussi, j'ai choisi (après avoir été menacé d'expulsion à cause de travail à domicile) pas loin. Près de marché Poteaux pour une année, rue Duc derrière la Marie ensuite. C'était devenu vraiment mon quartier, ma ville, mon dix huitième.

Il a fallu des années que j'admette que en face, sous la butte, vers Moulin Rouge et Pigalle, c'est aussi mon quartier, c'est aussi mon dix huitième. D'abord, Abesse et son marché qui m'ont conquis et la petite place en haut entre Place de Tertre et Abesse plein de même chateigner que le parc de Kolozsvàr. J'y venais m'assoir sur un banc et lire. Rêver.

Puis de marchand en marchand, je descendis vers Moulin Rouge et lentement, je m'habituais à la diversité de cette merveilleux arrondissement. Un bon marchand des livres antiques (fermé hélas depuis) près de Moulin, une boutique pour faire des copies ou imprimeur, près de rue Clignancourt, les marchands des tissus, vers Saint Pierre.

 C'est "mon dix huitième", tel que je l'ai retrouvé, après m'avoir dû pratiquement m'enfuire septembre 2001, trois ans plus tard, en 2004 septembre, quand j'ai fait plein des photos. Surtout photos des gens, qui y travaillent et vivent. Comme hier, un peu. 

Mais hier, après seulement une heure, je suis revenue chez moi, dans mon banlieu d'Argenteuil. Vrai, un peu triste. Des gens que je rencontre ici, pas mal, ne sont pas ceux de là. Je n'arrive pas avoir le même contact et le contact est important.

- A Londres, j'arrive d'avoir le contact avec beaucoup des gens plus facilement. -

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